On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



vendredi

Runes : Mars 1994


Le sens d'un combat


... Yves LESSARD

D'un combat pour la Normandie, bien sûr !

Combat serein dans lequel la meilleure arme réside dans la force des convictions qui nous animent.

Conviction que la Normandie dispose des ressources intellectuelles et matérielles suffisantes pour permettre l'épanouissement de la personne humaine.
Conviction que nous sommes les héritiers d'une tradition que nous avons le devoir de conserver, d'approfondir et des transmettre à nos enfants.
Conviction que le véritable universalisme suppose une parfaite connaissance de soi-même et des siens.

Depuis longtemps, la Normandie est victime, comme beaucoup d'autres régions françaises, d'une émigration massive. Il en résulte un véritable écrémage de la population normande.

L'agriculture demeure une activité régionale essentielle, la façade maritime offre des possibilités de développement encore mal exploitées, l'industrie est essentiellement une industrie de main d'œuvre.

Autant de caractères propres à l'économie normande qui réclament l'adoption de mesures particulières. Mais comment faire lorsque l'on sait la dépendance étroite de notre économie régionale vis-à-vis de l'extérieur. Les centres de décision des entreprises normandes ont quitté la région comme le montre la localisation des sièges sociaux.

La culture normande ne peut se développer que dans une Normandie prospère. En période de déclin économique, la création culturelle est à peu près impossible. Devons-nous limiter notre action à la défense et l'illustration du passé, si brillant soit-il ?
Nous ne pouvons accepter que la culture normande, qui a si profondément marqué l'Occident, soit ravalée au rang de « culture musée ». Nous ne voulons pas être seulement les conservateurs de la culture de nos pères. Le développement culturel est lié en grande partie au développement économique. Mais pour parvenir à redonner à la Normandie confiance en elle-même, il faut entreprendre une action résolument volontariste.

À quoi bon réagir ? De nouvelles sources de richesses sont apparues et la Normandie n'a pas été favorisée !
C'est oublier un peu vite que l'économie d'aujourd'hui – et celle de demain encore davantage – est le résultat du travail et du génie de l'homme. D'autres régions ont mieux su tirer profit des mutations de notre temps.

Nous avons choisi de nous battre car justement nous ne sommes pas résignés. Nous savons que nous ne sommes que les maillons d'une chaîne qui se poursuit de génération en génération. Nous n'avons pas le droit de lâcher prise, ce serait trahir.
Il se trouve que nous avons compris la nécessité d'une action vigoureuse de renouveau, pour la Normandie. Nous avons entrevu des solutions.

Désormais il nous faut continuer le combat.

Le résultat sera à la mesure de notre travail et de notre intelligence mais il est vain de croire que nous puissions renoncer.
Mais la prise de conscience régionale à laquelle nous appelons nos compatriotes normands ne saurait servir de prétexte à une attitude de repli sur soi. C'est au contraire la méconnaissance de nos origines, la négation de notre identité, l'appauvrissement de notre région, l'effacement de notre culture, qui conduisent aux réactions conservatrices et xénophobes. C'est avec la grande tradition normande, celle des fondateurs de la Duché, celle des conquérants de l'Angleterre et de la Sicile, celle des pionniers de la Nouvelle France qu'il nous faut renouer.
Tout cela demeure possible. Nous en avons la certitude. Tel est le sens de notre combat.
Yves LESSARD
3 avril 1981
Haro Nouvelle série N° 1

Fédération du Grand Rouen du Mouvement Normand

Le 29 octobre dernier, à la Halle aux Toiles de Rouen, est née officiellement la Fédération du Grand Rouen du Mouvement Normand.

Si l'idée de fédérations n'est pas nouvelle au Mouvement Normand, la constitution d'une cellule active pour y parvenir est récente : il y a moins d'un an que ses plus jeunes recrues, animées par un sentiment d'urgence, ont rejoint les rangs du Mouvement, apportant une indispensable base militante, et ce au moment même nous perdions des membres prestigieux.
Ces hommes, précieux tant pour nous que pour la Normandie, nous manqueront cruellement dans un proche avenir, mais déjà, une relève est assurée par un sang neuf, où brûle le feu de la jeunesse. Le fait que ce soit à Rouen qu’est née la première fédération n'est pas le fait du hasard. Rouen, menacée dans son identité régionale par le Glouton Bassin Parisien, risque de perdre son âme normande dans le béton francilien. Nous ne nous faisons pas d'illusions. Si Rouen devenait, comme d'autres l'ont déjà prévu pour nous, le vase d'expansion de Paris, ce serait la moitié de la Normandie qui cesserait d'être Normande.
Affirmer l'identité Normande, réveiller le sentiment d'appartenance régionale chez nos compatriotes, faire de Rouen, et de ses alentours, un Château Gaillard d'où nous pourrons nous affirmer « Héritiers de la millénaire Normandie », « Sire de seï », c'est, ni plus ni moins, une question de vie ou de mort pour la nation Normande. Face à ce sombre avenir, une lueur d’espoir : déjà avant même la naissance de la Fédération, de jeunes ouvriers et étudiants rouennais se sont constitués en équipes. De la Bresle au Couesnon et de l'Epte à Aurigny, de jour comme de nuit, ils sacrifient à la Normandie, donnant de leur personne, de leur courage, de leur énergie, pour des actions sur le terrain pour des diffusion de tracts, collages d'affiches et animations culturelles où ils peuvent être présents. Mais ça ne suffit pas ! Ces jeunes militants qui se sont placés d'autorité en première ligne, ne peuvent rien s'ils ne sont soutenus par des arrières solides. La portée de leur action dépend du nerf de la guerre : l'argent
Nos campagnes d'affichage se heurtent à l'adversité, d'une part, mais aussi au soin consciencieux des « services » publics : nettoyage municipal et police. Il nous faut redoubler notre effort. C'est pourquoi nous avons besoin de votre soutien :
- un tract coûte 26 centimes,
- une affiche coûte 80 centimes,
la volonté et le courage ne manquent pas, mais pour assurer le succès d'une seule campagne il faut mettre les quantités en rapport avec nos ambitions.

Tout don, même minime, de votre part, sera pour nous le meilleur des encouragements.
De vos efforts d'aujourd'hui dépendent nos succès de demain.
L.Vary

Métropoles, régions, Etat ...

De scandales politiques en scandales financiers, de fausses factures en vraies affaires, c'est à l'essence même de nos peuples que les politiciens s'attaquent en glissant sur un pas de corruption. Du Palais Bourbon à l'Élysée, un seul mot d’ordre : « un pour tous, tous pourris ! »

L'agriculture sacrifiée sur l'autel du GATT pour sauver une hypothétique vente d'Airbus ; la pêche vendue aux intérêts des groupes alimentaires multinationaux ; le patrimoine culturel sacrifié, comme à Rennes, pour effacer quelques dossiers douteux dont on espère que si des doubles existent, on saura tout aussi bien trouver quelque vice de forme salutaire ... Les vraies-fausses valeurs de notre fin de siècle, défendues par de petits maîtres à penser, laissent remonter un goût amer dans la bouche du citoyen honnête qui aimerait pouvoir encore croire au système, malgré deux cent mille chômeurs en Normandie, et combien d'autres demandeurs d'emploi, de stages de conversion, de SIVP, TUC, CES et autres cache-misère ?

Avec un Déménagement du Territoire qui rattache Caen à Nantes, Rouen à Lille, la haute Normandie aux Hauts-de-Seine et refuse définitivement la vocation maritime de notre région, le cavalier Destouches pouvait répéter que l'histoire ne repasse pas les plats : colonisée, spoliée, niée depuis Philippe Auguste, la Normandie est l'exception qui confirme cette règle. L'on nous dira que les assemblées régionales de basse et de haute Normandie ont pensé des MATHILDE et des PRAT qui ont pour mérite de laisser béats ceux qui les ont élaborés. Beaux projets non complémentaires, donc incomplets et vides de sens. Belle démonstration de jacobinisme de village : hors de Caen et de Rouen point de salut ! La Normandie est malade du SIDA centralisateur, ses symptômes sont : chômage, récession, surendettement des ménages et des entreprises, problèmes de banlieues.

Alors signer un onzième plan, oui mais pour quoi faire ?
Avoir une vision d'ensemble de ce que veut le Grand Bassin Parisien cornaqué par l'Ile de France ? Le G.B.P. ne sait toujours pas dire ce qu'il veut.
Signer des avenants aux programmes de communication que le dixième plan n'a pas réalisé ? Obtenir que la région continue de payer ce que l'État ne peut plus honorer : un milliard pour une université qui fera des demandeurs d'emploi de niveau bac + 2 sachant mieux calculer leur quatre-vingts pour cent de « SMIC jeune(s) » ? Nous ne voulons pas que les composantes essentielles de notre Normandie soient tripatouillées au profit de petits messieurs qui font passer leurs préférences énarchistes avant de se consacrer optionnellement au « bien public ».

Si leur problème est de savoir comment durer, le nôtre est de réussir à être et à faire reconnaître ce que nous voulons être.

Rouen - Caen - Le Havre, c'est Normandie Métropole, et si l’essai semble timide ne nous aveuglons pas en le comparant aux poudres aux yeux électoralistes : l'idée est bonne et nous nous réjouirons encore plus lorsqu'elle aura abouti !
Déjà, Southampton, Poole, Bournemouth et Portsmouth se constituent en réseau de villes et c'est le South Coast Métropole, pendant naturel de l'initiative normande, qui vient constituer un Axe de la Manche culturellement incontournable. Bien qu'il s'agisse encore d'aménagement du territoire, ceci est d'une autre portée que la gestion médiocre d'intérêts parisiens : c'est la reconquête d'un espace privilégié entre communautés jumelles ! Nous laissons bien volontiers aux spécialistes la conduite de ce développement, notre combat étant depuis toujours celui de l'affirmation de la persistance d'un tempérament normand qui nous est spécifique. La Normandie est fille de la mer, et tout ce qui saura nous ancrer dans notre réalité sera bienvenu. Mais sachons aussi montrer notre volonté d'être et d'affirmer ce que nous sommes et, surtout, ce que nous ne voulons plus tolérer :

– les compromissions, les attentismes, vis à vis d'une Ile de France qui nous méconnaît autant qu'elle méprise l'idée que nous puissions encore exister !
– les faux semblants de richesses, hérités des meilleures périodes de notre asservissement aux intérêts alimentaires de la capitale ! Si nos élus oublient ces exigences, à nous de leur montrer comment nous considérons leur veulerie.

Nous n'oublions pas que c'est à nous, Normands, de défendre les valeurs essentielles qui caractérisent notre peuple.
Gilbert Crespin

Les métropoles normandes







(source INSEE )

Agglomérations           Caen    - Le Havre   -  Rouen
Population 1990 :     191.490  - 253.627    - 380.161

Revenu 1990 :
Revenu net moyen par foyer fiscal (franc) :
                                77.195  -    76.045     - 79.400

Chômage 1990 :
Taux de chômage         13.6  -        16.3     -    14.0

Des chiffres qui font mal ... D'autant plus de mal qu'ils ne sont que de ... 1990.

Ainsi, lorsqu'il y a quelques mois, nous disions que la région était sinistrée et détenait des rubans bleus en matière de social, nous étions qualifiés d’alarmistes ! Bref, en 1994, Normandie Métropole reste, avec des chiffres vieux de quarante huit mois, largement au-dessus des pourcentages hexagonaux du chômage et justifie son excellente place au hit parade du surendettement des ménages. Encore un beau record à mettre à l'actif de décideurs « locaux » dont nous préférerions faire l'économie.
F.D.

Armada de la Liberté

Runes, Haro, l'Unité Normande, le Mouvement Normand Et l'O.D.I.N.

seront présents pour vous accueillir sur les quais de Rouen, du 10 au 17 juillet 1994, pour l’ARMADA de la LIBERTE
Vous pourrez rencontrer les animateurs du combat régionaliste sur le stand D 09 (devant le hangar 12 - face à la presqu'île ROLLET) et, outre la manifestation de notre attachement à notre spécificité Normande, affirmer la vocation maritime de la Normandie, donc que Rouen est, et doit rester un port de Mer.

France Telecom

Bravo à France Télécom pour sa nouvelle grille de tarifs qui ne manque guère de cohérence !
(Profits, profits ...)

Les télécommunications ont vocation à nous rapprocher. Mais, pour certains, les distances sont inversement proportionnelles au nombre potentiel d'appels. Drôle de mélange de géographie humaine et spatiale qui met Bolbec et Vernon plus loin de Rouen que Dieppe ou Évreux ; Saint Germain-en-Laye, Poissy et Le Havre deviennent équidistants de notre capitale régionale. Merci, encore, pour la banlieue (sans Paris) et, aussi, de nous couper de Caen. L'augmentation des tarifs d'appels de proximité mis en balance avec la diminution annoncée sur les échanges internationaux ne nous console pas de devoir payer aussi cher pour appeler Cherbourg que Marseille.
Ainsi le téléphone a le pouvoir de nier nos réalités régionales.
Le prix de ce nouveau « service » : cinq francs trente et neuf centimes hors taxes par abonnement pour changement de facturation. Belle logique jacobine qui impose aux victimes de dédommager leur bourreau.
Marc Lesalien

Charlemagne

La télévision française programme Charlemagne.
Ça regarde les français, même si les Bretons, Basques ou Normands regardent cet hymne puant de jacobinisme « européen ».
Nous avions quelque sympathie, à titre personnel, pour le sieur JULLIAN; ces trois épisodes, forgés des plus vils mensonges, nous font abandonner ce sentiment.
Charles, dit le grand, mais ce sont les ayatollahs dont on nous fait l'apologie en nous le présentant comme mythe fondateur !
Fleurie ou pas, que la figure de ce fossoyeur de l'Europe serve de réfèrent historique aux chantres agréés de la nomenklatura bruxelloise nous navre, le cœur et le portefeuille.
L'Europe du fric n'intéresse finalement que le capitalisme international du G.A.T.T., l'Europe sociale accouche péniblement de souris, l'Europe culturelle achoppe sur son vieux phantasme universaliste et fait le malheur des peuples qui la composent.
Nous avons subi le deuxième épisode de cette série désespérante où l'empereur obtient la conversion de Viduking, chef des Saxons idolâtres.
A priori, nous aurions préféré l'énoncé lapidaire de l'Encyclopédie Universalis qui rapporte que, pour des raisons politiques et religieuses, un bâtard du prince très chrétien extermina les Saxons de l'Elbe tandis que son empereur de père attendait Roland au nord des Pyrénées.
Pour ce qui est d'une vision plus partisane, nous vous renvoyons au premier chapitre du « Vikings à travers le monde » de Jean Mabire, où il nous est rappelé que l'Elbe fut teintée pendant trois jour du sang des Saxons : guerriers et pasteurs, femmes et enfants; que Viduking, seul épargné, s'en fut de cour en cour dénoncer l'intransigeance et l'intolérance des francs félons à leurs frères.
Dix ans plus tard ce fut Lindisfarme et la litanie des « A furore Normannorum ... », tardive et irrésolue qui ouvrit l'ère des réparations.
François Delaunay

Betterave

Une betterave d'honneur pour Daouda Traouré, plumitif à Paris Normandie qui a assisté à la descente des Vikings de la troupe "Hag Dik" (sic) sur Caudebec en Caux.
À cette occasion, notre rapporteur est allé pêcher, on ne sait où, un nouveau dieu au panthéon Scandinave, puisqu'il a vu débarquer les fils de ... THON !
De plus, aux yeux de notre scribouillard, nos blonds vikings « ressemblaient un peu à ces héros entrevus lors de rencontres du troisième type ».

Par-T(h)ons, les aliens sont là !

Betterave

pour Dominique TROCHU de Paris Normandie qui fait affirmer à Francis OLIVIER, P.D.G. de SIDEL qu'il « ne brandirait pas l'étendard Normand ».


La Lettre de haute Normandie (LhN), du 15 octobre 1993, louangeait la société SIDEL du beau titre de Normande ...
- « SIDEL, la Normande » : SIDEL [...] rassemble toutes les caractéristiques de la « bonne entreprise régionale », telle qu'elle est rêvée à Rouen, au Havre et à Évreux
« La haute - Normandie, [...] avait besoin d'un symbole industriel: SIDEL est celui là ... » (LhN, page 5)
« S'intéresser à SIDEL, c'est s'intéresser à la région. Nul mieux qu'un Normand n'est en mesure de le comprendre » (LhN, page 8)
Ce qui dans Paris - Normandie (PN) daté du 24 novembre 1993, devient : « ... la région, est minuscule. La haute Normandie n'a aucune chance en Europe. La Normandie, même réunifiée, ne suffirait pas pour être à la hauteur du poids économique exigé pour l'Europe ».

« Tenir la majorité d'un marché à partir d'un pôle havrais doit faire méditer les entreprises qui veulent s'internationaliser » (LhN, page 6)
[Devient] « Il ne faut pas s'accrocher à de vieilles bagarres, le seul endroit ou elle [l'Ile de France] peut se déconcentrer, c'est en haute Normandie » (PN : 24/11/93)

« Nous sommes bien en Normandie ; on y est, on y reste ... l'histoire de l'entreprise se confond avec la région Hâvraise depuis trente ans », disait F. OLIVIER en octobre.
« Les dirigeants du groupement vont plus loin : ils considèrent qu'ils ont des responsabilités particulières vis-à-vis de la Normandie et que le rayonnement de SIDEL doit aussi contribuer à celui de la région : « Nous voulons renforcer notre ancrage régional ; nos racines sont importantes. » (LhN, page 7)
[interprété] « 22 régions, c'est beaucoup trop. Pas plus de six ou sept serait l'idéal pour relever le grand défi européen ». (PN : 24/11/93)

Autres temps, autres mœurs, hélas! À l'époque de la Normandie réellement conquérante, celle qui osait aller au bout de ses déclarations, on offrait une flèche (à l'œil) du parjure, ou sellait comme une mule les clercs trop turbulents. Aujourd'hui, on voit qu'il n'y a aucune différence entre la société civile et le monde politique : leurs déclarations n'engagent que ceux qui les lisent.
Il est des noms qui donnent la nausée. Celui de Dominique TROCHU, symbole de la Normandie anonyme et parisianiste, ne gagne, quant à lui, rien à être connu. Dieu nous garde de ce genre d'amis ...
Francois Delaunay

Betterave

Secours catholique et populaire s'attristent sur le sort des victimes des inondations et en appellent à la générosité des Normands par voie d'affiches autant humides que camarguaises.
Nous pourrions tout aussi bien montrer notre sympathie pour les sinistrés californiens qui subissent incendies et séismes, les dinosaures massacrés par les électeurs de Chasse Pêche et Tradition, pour les somaliens qui après avoir manqué de riz n'ont pas manqué de balles pour leurs libérateurs, et c.

Par contre, il ne nous viendra pas à l'idée d'avoir une pensée ou un geste pour les cent quarante-quatre communes de Seine-Maritime, victimes des pluies depuis juin jusqu'à ces jours derniers, puisqu'elles n'ont pas été capables de trouver un sponsor du charity buisines : une douzaine est à ce jour reconnue officiellement victime des catastrophes naturelles.

La misère, c'est bien connu, ça se chante tellement mieux au soleil !
F.D.

Mur de la honte !

1994, chacun le sait, sera l'année de la commémoration du cinquantenaire de la libération de l'Europe qui, comme tout le monde se le rappelle, commença en Sicile.
Depuis quelques années, les dénominations démocratiques et fédérales ne sont plus en Allemagne que le souvenir vétuste d'une époque révolue qu'acheva la chute d'un certain édifice dressé entre les deux composantes d'un même peuple.

Depuis cinquante ans la Normandie est, elle, toujours divisée et sa partition inspire d'autres réflexions aux représentants du pouvoir parisien dans la Duché. Pour mieux faire comprendre que les Normands sont coupables devant l'histoire, (de quoi grands dieux, le saurons-nous un jour ?) un certain préfet de « haute » Normandie se mit en devoir de faire ériger un mur du meilleur béton devant son officielle résidence rouennaise !
Un mur de la honte destiné a protéger le bunker de la préfecture de Rouen ; les membres de la kommandantur auraient-ils à craindre les manifestations d'hostilité d'une population normande occupée depuis 1450 ?

Finalement, l'embryon bétonnier sera détruit avant que l'affaire fasse plus de bruit, mais avec l'argent du contribuable qui pourra ainsi collaborer à la restauration de son propre patrimoine.
Curieuse époque où l'on demande aux populations de régler elles-mêmes la note des dommages causés par d'autres. Comprenne qui veut

L'O.D.I.N.-76 a dix ans !

La nature humaine aime à tirer des bilans lors d'événements remarquables. Fétichisme ou occasion, nous ne dérogerons pas à la règle. Si, en mars 1984, nous ne mesurions pas vraiment l'ampleur de ce qui nous attendait, les objectifs que nous nous étions fixés nous permirent d'en découvrir de nouveaux que nous n'avions pas envisagés et, de la défense candide d'une identité normande que nous ne pouvions nous résoudre à oublier, nous en sommes arrivés à l'affirmation de notre nationalité normande. Rien ne nous permet d'augurer où notre quête nous aura conduit dans dix ans, ni même dans cinq, chaque développement réserve des approches inattendues riches d'enseignement. De la défense de notre culture, nous en sommes venus à suppléer une formation régionale que d'autres n'assurent pas et nous y avons trouvé des volontés d'agir sur le terrain. Rien ne pouvait laisser prévoir une telle évolution et, tout en conservant le même but, il serait aventureux de pronostiquer où nous conduira notre volonté d'assurer la permanence de notre Exception Normande.

Dix ans c'est peu en regard de notre pluri-millénaire Normandie, c'est beaucoup si nous faisons le compte de tous ceux que nous avons rencontrés, et qui nous ont apporté autant que nous avons voulu apporter à nos compatriotes.

Rester nous - mêmes, maîtres de notre destin en tant qu'héritiers d'un territoire, d'une histoire, d'une volonté, c'est aussi accepter l'évolution parce qu'une tradition c'est quelque chose de vivant. Notre action se diversifie en même temps qu'elle s'amplifie. Depuis 1993 il nous a été difficile d'être présents sur tous les fronts où nous sommes engagés: chacun contribue à une action nouvelle, et tout en poursuivant le même but, nous nous spécialisons mais ne pouvons que peu renforcer l'existant. Nous avons pris des mesures, difficiles, en modifiant la parution de Runes qui devient trimestriel - tout en conservant le nombre de pages livrées -, en demandant aux équipes qui agissent sur le terrain de ne pas se polariser sur une seule activité extérieure pourtant nécessaire et fructueuse. La reconnaissance de notre action par la création de la Fédération du Grand Rouen du Mouvement Normand posera pendant quelque temps encore des problèmes d'harmonisation pour que tout puisse être fait comme on peut légitimement l'attendre. Dix ans c'est aussi l'occasion de prendre le temps de se retrouver :

– 18 juin : « CAUDRIOT »
Cette manifestation, à caractère interne O.D.I.N.-M.N., est préparée pour cinquante personnes, avec une participation de 50,- francs par adulte de plus de dix ans. Cette fête se doit de n'avoir d'autre raison que rassembler tous ceux qui sont proches de notre action et de notre pensée, c'est donc un temps fort où nous entendons célébrer la vitalité d'une équipe, de ses proches, familles et amis, donc l'esprit social qui nous est propre.

– 10, 17 juillet : l'ARMADA DE LA LIBERTE
L'O.D.I.N.-76 ne peut que se féliciter de pouvoir fêter ses dix ans devant plusieurs millions de personnes, et dans un même temps réaffirmer la vocation maritime de la Normandie, mais aussi de Rouen (ce qui est moins évident pour certains horzains). C'est aussi un double effort car, bien que nous participions avec le M.N. à ces journées, il nous faut gérer les aspects financiers et humains pour que notre prestation soit plus qu'une simple présence sous une tente. Vos dons, aides, soutiens sont donc les bienvenus ; la souscription et la boîte à idées sont ouvertes. Avec vous nous saurons faire mieux que bonne figure.

– 15 octobre : ROLLON/HASTINGS
Cette année nous prenons le temps de préparer à l'avance pour rompre avec l'aspect confidentiel de cette commémoration où nous réunissons Rollon et Guillaume. Un hommage est rendu dans les jardins de l'Abbatiale Saint Ouen de Rouen au père fondateur de la Duché et nous y associons la date phare d'Hastings qui marqua l'apogée de la lignée des Jarls de Rudhuborg.

Ceux qui souhaitent prolonger la réunion peuvent nous contacter pour qu'un repas puisse être correctement organisé : la recherche du meilleur compromis qualité/prix réclamant du temps en fonction du nombre de participants.

1994 est un anniversaire, faisons en sorte que cette année soit aussi celle de notre engagement solennel à maintenir notre spécificité.
O.D.I.N. 76

Metro, c'est trop...

Depuis l'idée géniale d'Albertini, à l'époque Président de la Commission des Transports au S.I.V.O.M. de Rouen, l'ardoise est une valeur en hausse dans l'agglomération rouennaise.

Qu'on en juge, de 1993 à 1998 la participation des communes à cette vénérable institution connaîtra une croissance de 11 % l'an (onze pour cent). Que l'ex-plus-jeune-premier -ministre-de-France soit devenu le Danube de la pensée du développement local n'y changera rien, le prix des fouilles archéologiques, l'indemnisation des commerçants en faillite, nous laissent penser que cette petite plaisanterie n'a pas fini de se porter au mieux sur le dos des (con)tribuables.

1990 : 1,9 milliards de francs,

1994 : 2,4 milliards de francs,

une petite prolongation électoraliste vers le Madrillet ? 490 millions de francs,

un complément artistique des stations de métro ? 600 000 francs, que les taggers pourront à loisir recouvrir.

Le somptuaire est décidément une maladie d'élu, lorsqu'ils ne s'enrichissent pas en polluant le sang de leurs administrés, ils savent leur faire rendre de l'eau.

Betterave

Tintin édité en Gallo ! « Sus l'île naire », les équeroueys à Tintin sont éditées en Gallo, dialecte totalement différent du breton, qui est toujours enseigné auprès d'un millier de jeunes dans certaines écoles bretonnes des départements non celtisants, et fait même l'objet d'une option au baccalauréat !

Notre betterave ne va pas à l'éditeur courageux et méritant, ni à l'œuvre d'Hergé qui, outre une propreté morale rare de nos jours, n'a jamais tenu les minorités, fussent-elles linguistiques, pour une preuve d'attardement, mais nous tenons tout de même à distinguer Paris Normandie qui considère que « ce dialecte se rapproche du patois de basse Normandie ».

Dialecte « Breton », ou langue galloise là - bas, patois ici...

Vérité d'un côté du Couesnon, erreur de l'autre ...

Où est donc passée la jeunesse ?

Il y a quelque chose d'assez ridicule dans la juvénolâtrie contemporaine. Mais aussi quelque chose de triste. Ce sont les civilisations sur le déclin qui idolâtrent la jeunesse et en parlent à tout bout de champ. Les autres, étant réellement jeunes, n'ont à dissimuler la mort ni à mépriser les anciens. Les sociétés modernes veulent rester « jeunes » : signe qu'elles ne le sont plus. Personne ne veut vieillir : signe que tout le monde est vieux.

La jeunesse, à cet égard, n'est plus qu'un mythe qui fait bêtifier les adultes – et prospérer les marchands. Mais en fait, c'est à un double mouvement que l'on assiste. D'une part, le monde des adultes s'infantilise. Les médias, la publicité, la démagogie électorale, l'égalitarisme aussi – il faut « être à la portée de tout le monde » – y contribuent largement. Il suffit d'une écoute un peu systématique de la radio et de la télévision pour se convaincre que le public auquel on s'adresse possède un âge mental de huit à douze ans. D'autre part, le monde de l'enfance est peu à peu « adultisé » – sinon adultéré – par une immersion permanente dans des problématiques et des préoccupations qui, comme on dit, ne sont pas de son âge. D'un côté des petits vieux qui ne croient plus à rien ou qui ont « des idées » comme on a des boutons. De l'autre, des débiles quinquagénaires qui passent leurs soirées à regarder les « jeux télévisés », en attendant de partir en colonies de vacances. Au Club Méditerranée.

La jeunesse est une valeur, soit. Un état d'esprit, c'est entendu. On a mille fois glosé là-dessus. Mais c'est aussi une classe d'âge et, à ce propos, sans doute faudrait-il distinguer entre l'enfance et la jeunesse. La seconde est d'invention récente.

Autrefois, sorti de l'enfance, on entrait dans l'âge adulte – avec la vigueur de la jeunesse. En faisant de l'enfance un monde clos indéfiniment prolongé dans le temps, la bourgeoisie a créé un thème flou, dont la gauche, à son tour, n'a pas manqué de s'emparer. Le socialisme, c'est bien connu, est la « jeunesse du monde »...

Mais où est donc passée aujourd'hui la « jeunesse du monde » ? Un constat s'impose. Nous vivons, dans les sociétés développées, la « fin de la jeunesse » comme pouvoir de mobilisation de l'histoire. La « révolte » des années soixante, partie d'Amérique, n'a pas marqué le début d'une ère nouvelle. Elle n'a été que le dernier écho, avec trente ans de retard, de la révolte, bien réelle celle-là, de la jeunesse européenne de l'entre-deux guerres. Cette dernière était morte sur les champs de bataille. L'autre n'a pas eu le privilège de succomber sous les coups des CRS ou des gardes fédéraux. Elle a disparu en douceur, dans la normalisation des médias, la récupération publicitaire et les délices de l'american way oflife.

On a les morts qu'on peut.

éléments n°43 Robert de HERTE

Jeunesse et politique

Un certain nombre d'idées claires sont indispensables lorsqu'on engage un combat politique. Même si elles sont violemment non conformistes, apparemment contradictoires et provisoirement irrécusables. La jeunesse de nos pays est fatiguée des politiciens sans imagination qui lui proposent l'aménagement confortable d'une démocratie amortie.

La jeunesse qui est la seule classe sociale qui nous intéresse parce que c'est la seule classe de nos pays qui n'est pas encore une classe bourgeoise, la jeunesse a besoin d'idées neuves et nous sommes les seuls à avoir des idées neuves au milieu de tous les rafistolages poussiéreux.

Une jeunesse saine, virile, enthousiaste ne peut que se détourner de l'ignominie qui préside à l'accouplement de ces deux vieillards libidineux qui sont en Europe le communisme embourgeoisé et la finance internationale. Nous dépassons ici la politique pour atteindre la morale. Les solutions politiques de rafistolage vaguement social, timidement européen, ont fait faillite. Et on ne pourra plus enfermer éternellement la jeunesse de notre pays dans une ambiance morale d'hypocrisie et de lâcheté, d'égoïsme et de conformisme. Le vieux cadre moral doit craquer comme doit craquer le vieux cadre politique. La ferveur européenne doit triompher de la béatitude hexagonale.

Il y a aujourd'hui dans la population de nos pays européens une aspiration à l'unité européenne. Il y a chez les meilleurs un courant de révolte contre la civilisation de l'argent. Au sein de ces peuples qui sombrent dans le sommeil, dans la béatitude irréelle des encycliques et des téléviseurs, de jeunes hommes en colère refusent le confortable cercueil que leur proposent les Prisunic du monde moderne. Ils croient qu'il n'y a pas d'action révolutionnaire sans idées révolutionnaires.

décembre 1963

Aujourd'hui, la jeunesse des partis politiques ne joue plus à ce curieux mélange de scoutisme, d'université populaire et de police supplétive qui fut la tragique passion de ses aînés. Les partis politiques n'ont plus de jeunesse. Et il n'y a même plus de partis politiques.

Un monde de plus en plus standardisé est lentement conduit vers la civilisation universelle et le gouvernement planétaire. Cela grince un tout petit peu pour savoir si ce directoire unique sera celui des épiciers en gros, des commissaires politiques ou des curés de choc. Tous ceux qui veulent entreprendre la moindre action politique, la moindre action culturelle, la moindre action sportive, la moindre action religieuse, se trouvent devant le même problème de l'apathie profonde. Un peuple de plus en plus étourdi et de plus en plus fatigué, de plus en plus riche et de plus en plus pauvre ne pense qu'à l'argent et à la mode. Croyant vivre à l'échelle mondiale, les gens méprisent où ignorent ce qui les concerne directement. De plus en plus informés ils sont de plus en plus indifférents à la vraie politique, c'est à dire à la vie de leur Cité.

Qu'il soit d'abord bien entendu que tout homme qui lutte pour l'idée même de patrie, c'est à dire pour une tradition, un enracinement, une réalité populaire, celui-là est notre camarade de combat contre les tenants du « progrès », de l’universalisme, du mirage indifférencié. Que l'on se batte pour la Vendée, pour la France ou pour l'Europe (petite ou grande) n'est qu'une question de degré et non pas de nature.

Ce qui nous rassemble ici ce n'est pas un pointillé sur une carte, une tache rosé sur un Atlas, ce n'est pas l'image d'un hexagone plus ou moins régulier, c'est d'abord une réaction de refus et de fierté.

À une heure où il était difficile de savoir où se trouvait la patrie et encore plus où était la Nation, des chevaliers Normands continuaient à se battre au Mont Saint Michel, dernier îlot d'un pays entièrement submergé par la marée anglaise. Leur chef, le gouverneur Guillaume d'Estouteville, ne leur parla pas d'un royaume terrestre et du pré carré de quelque couronne. Il leur rappela, en guise de réponse, qu'il avait choisi une devise dont chaque terme peut encore servir de mot d'ordre au sortir de notre nuit :

- « Là où est l'honneur, là où est la fidélité, là, seulement, est la patrie »

Toussaint 1964
Jean Mabire

L'avenir de la jeunesse

Les débordements des jeunes n'ont cessé de troubler la quiétude des adultes : à Athènes la jeunesse dorée a causé de célèbres scandales ; à Rome, les « nouveaux » s'opposaient bruyamment aux goûts et traditions des vieux ; au Moyen-âge, des troupes d'étudiants ont saccagé des villes universitaires et n'ont pu être maîtrisé que par des corps de police spécialisés. Il faut rattacher ce phénomène à une révolte contre le père pourtant nécessaire pour que la jeunesse prenne possession de sa personnalité.

Cependant, l'actuelle crise de l'autorité paternelle a modifié la structure de ces rébellions. Désormais, c'est toute la société qui est pressentie pour être répressive et protectrice. Deux aspirations contraires semblent animer les jeunes : autonomie et « libération », d'une part, et, d'autre part, protection et enracinement. Les contraintes sociales, qui sont rejetées par une réaction animale de défense, sont reportées sur des groupes restreints, des communautés fermées, imperméables. Massification des cités, sécheresse de la civilisation citadine, l'ennui suinte des murs ...

Les centres d'intérêts se transportent en dehors du milieu professionnel. Moins de sens civique, adhésion à des prêt-à-penser « politiques » sommaires, sinon lapidaires, malgré l'élévation considérable du nombre de diplômés : la jeunesse demeure d'une inébranlable candeur.

De l'adolescence aux rôles de la vie adulte.

La notion même d'adolescence est une invention récente ; autrefois on passait de l'enfance au monde des adultes après une série de rites d'initiation/adaptation plus ou moins rigides. Dans une société stable et homogène les modèles de conduite proposés varient peu. À présent, ce qui est valable pour une génération semble étranger à la suivante ; du fait de la complexité croissante des sociétés industrielles les rites de passage se diversifient et évoluent en fonction des progrès technologiques. Si de tout temps la jeunesse a été le symbole de la force vive et du dynamisme, les mutations continuelles de nos sociétés exigent des individus adultes toujours plus de souplesse d'adaptation. Il devient banal de constater un renversement des « valeurs », les adultes cherchant à rester plus jeunes que les adolescents. Le monde des adultes porte donc un intérêt inquiet aux adolescents qu'il ressent comme une concurrence directe compte-tenu des apprentissages aux nouvelles technologies et, secondairement, indirecte quant au différentiel biologique de dynamisme, qui avantagent les jeunes.


Crise dans la civilisation

Nombre de théories sociologiques sur la jeunesse ne sont pas exemptes d'idéologie. Elles tendent à réduire les phénomènes dans lesquels les jeunes jouent un rôle visible dans une série d'interprétations : déviance, marginalité ... Il s'ensuit des décalages entre les idées sur la jeunesse et l'état véritable des jeunes.

Dans la société de propriété privée des moyens de production, l'enfant appartenait à ceux qui l’avaient procréé. L'éducation familiale découlait du principe de la dépendance des enfants. Noyau humain soumis, berceau de l'État, source et base de la grande société civile bourgeoise, la famille reproduisait l'ordre social.

Au vingtième siècle, l'éducation sort du domaine privé pour passer dans le domaine public. École, mouvements de la jeunesse, télévision, se développent comme relais et tuteurs de jeunes pour palier une artificielle déficience de l'éducation familiale. En opposition avec les formes très structurées des mouvements de jeunesse, organisés par des adultes, apparaissent des regroupements spontanés dans lesquels les jeunes donnent corps à une culture parallèle, porteuse de valeurs spécifiques. La mode de la jeunesse se manifeste sous l'apparence d'une culture qui doit son existence à l'intervention des mass médias manipulés par des groupes d'intérêts commerciaux. La jeunesse devient une valeur marchande.


Les bandes de jeunes

Le problème de l'avenir de la civilisation occidentale est travesti en « problème » de la jeunesse. Le mythe des « blousons noirs » a construit le théâtre où se manifestent les bandes. La contestation, transformée en délinquance juvénile, le hooliganisme, les « jeunes » des banlieues dortoirs, ne sont que des masques que la société créé pour se cacher la vérité. Le Roi est Nu. Mais l'avouer déconsidère immédiatement l'imprécateur.

La crise de la jeunesse c'est la crise du monde des adultes qui n'ont plus d'autre message à transmettre que matériel, l'adhésion aux bienfaits d'une caricature d’American way of life paradoxal.


La crise de la culture

L'objet de l'éducation est d'adapter les jeunes générations à la culture dans laquelle elles sont destinées à vivre. L'éducation accoutume les jeunes à la culture de leur pays, de leurs pères et de leur siècle. Elle leur permet d'assumer leur personnalité et d'affirmer, sur des bases saines, leur liberté.

Or, la culture industrielle est remise en cause par l'évolution trop rapide des technologies. Le système éducatif ne peut plus suivre l'évolution et la diversité technologique du monde du travail ni du milieu familial. La transmission de la culture « générale » se justifie mal dans une société exclusivement matérialiste où les savoirs technologiques et professionnels remportent sur la formation spirituelle et morale. La transmission de cette culture est incapable de séduire les jeunes. L'accélération de l'histoire fait que l'environnement culturel est reçu comme une convention, un décor fatigué ou un mensonge. Mensonge d'autant plus évident que ceux-là mêmes qui transmettent le savoir sont, ou ont été, les grands transgresseurs des valeurs qu'ils ont reçues et demeurent imprégnés de l'indiscutable vérité de leur expérience.

La société devient plus juvénile jusqu'à s'infantiliser dans ses loisirs. Elle perd aussi sa cohésion en rendant impossible le dialogue entre deux classe de jeunes de générations différentes, incapables de communiquer par delà un écart d'âge qu'elle ne veulent plus admettre.

Si la crise de la jeunesse n'est, effectivement, que le masque d'une crise de plus grande importance, c'est sur le domaine culturel qu'il convient de s'arrêter pour conclure. Dans une société de plus en plus matérialiste, où les évolutions technologiques sont de plus en plus fréquentes et rapides, il importe que la transmission des savoirs soit de plus en plus adaptée à l'homme. II est impératif que l'école permette à chaque acteur social de maîtriser le développement de sa propre histoire. À une époque où quatre-vingts pour cent des français n'étaient pas bacheliers, l'éducation permettait à chacun, sinon d'être initiateur, de suivre et non de subir les changements, car elle dispensait un savoir généraliste qu'il était possible de faire évoluer. Ce savoir s'appuyait sur une reconnaissance de la société et les rudiments nécessaires pour s'adapter aux diverses situations sociales et culturelles.

Aujourd'hui, forts des dernières expériences considérées comme des acquis imprescriptibles, et donc faute d'une possibilité de remise en cause d'un système de valeurs récent, l'éducation de la jeunesse prétend produire une réponse définitive pour toute situation rencontrée.

Comment un monde sans découverte, sans aventuriers, peut être susceptible de produire suffisamment d'espoir pour que ses jeunes sachent ne plus désespérer ?

Comment, alors, ne pas se révolter ?
Jean - François Bollens

Vieille vague et nouvelle vague

Juin 1961, Michel de Saint Pierre concluait son enquête sur cette jeunesse qui allait précéder la mythique génération de mai-juin 68.

J'aime notre époque, parce qu'elle est pour l'instant indéchiffrable, et parce que je suis curieux de ma nature. En dépit de tous les accidents de la route, j'adore conduire une voiture – une voiture aussi rapide que possible. Et ce qui me plaît dans le pilotage n'est certes pas la course en ligne droite. Ce sont les virages : le simple fait de tourner requiert de la part du chauffeur une certaine habileté, voire un certain sens du risque. Et puis, au-delà du virage, nous ne savons pas encore les paysages qui nous attendent. Dans ces années de grâce ou de disgrâce, nous sommes au beau milieu de la courbe d'un grand virage qui nous masque les horizons. Si j'ai tant envie de vivre – et de vivre vieux – c'est que je veux connaître un jour les nouveaux paysages qui vont me sauter aux yeux !

Le même ordre de curiosité – exactement le même – m'a conduit depuis longtemps à me pencher sur le problème de la jeunesse ; une curiosité mêlée, bien sûr, de tout l'amour que je lui porte. Car la jeunesse fait partie des paysages neufs dont je parle ...

Un écrivain célèbre disait, voici quelques années : « II ne fait pas bon être jeune en ce moment ! » Je ne suis pas de son avis. Notre époque est fascinante. Et, d'ailleurs, il fait toujours bon être jeune.

Le conflit des générations est sans doute la constante sociologique la plus remarquable. La seule différence entre notre époque et les époques passées, est qu'autrefois ce conflit était masqué par la discipline très stricte où les jeunes étaient maintenus – et peut-être, aussi, par le respect inconditionnel qu'ils éprouvaient envers leurs parents. « Le visage de la dernière génération se mire dans la nouvelle. C'est elle qui en est l'éducatrice, la nourricière. Jusqu'à vingt et un ans les jeunes ne sont pas responsables devant la loi, près des tribunaux. Ce sont leurs parents qui paient. Cela est justice.

« Après avoir défendu avec courage leurs opinions, ils ont manqué du courage moral nécessaire pour les sauvegarder.

« La génération de mes parents ? Il n'en n'est pas sorti de génies. Je lui reprocherai trop de résignation, de fausse tolérance. Elle s'est trop désintéressée de la vie nationale. Elle n'a pas su apporter à la jeune génération un idéal de vie, d'où le « drame de la jeunesse ». Elle semble avoir surtout apprécié les pantoufles et le frigidaire.

« Dans les journaux, au cours des émissions de radio ou de télévision, dans les séquences cinématographiques, il est bon de faire allusion aux problèmes de la jeunesse.

« Les conseils municipaux, paroissiaux ou politiques, après avoir lu les articles et subi les films, se demandent ce qu'ils pourraient bien inventer.

« Les prêtres qui ne parviennent pas à réunir suffisamment de scouts ou de J.O.C.*, les communistes qui comptent avec peine leurs troupes de J.C.**, les partis de comitards pour qui un jeune turc a quarante ou cinquante ans, en condamnant l'ensemble d'une génération, tentent de justifier leur échec.

« Les sociétés sont comme les boutiques et les familles. Elles se renouvellent. Elles meurent.

« Nous n'ayons jamais eu l'impression que vous preniez en charge cette société. Vous la laissez crever, emportés avec elle.

« Vous n'avez pas exigé des hommes qui étaient vos pasteurs civiques, politiques, religieux, qu'ils vous apportent l'espérance de créer un monde qui vaille le coup d'un grand mouvement d'âme, de cœur, de chair.

« Nous cherchons, nous, ce monde. Riez... nos tentations de foutre le camp, de foutre tout en l’air : c'est cela inconsciemment. Nous cherchons... Une chose nous frappe, en vous écoutant : vous n'avez pas eu de maître. Aucun, et ceux qui auraient pu l'être pour vous, vous les avez ignorés et vous ne les connaîtrez jamais.

« Nos grand-pères avaient des maîtres. Pas vous. Cherchez...

« Nous aussi, nous cherchons et nous attendons de pouvoir choisir...

« Sartre, c'est à vous, pas à nous. – Pas un maître – un constat de décès pour vous. À ce sujet : vous avez, par le dévergondage des morales, par votre démission, fait que la révolte contre la société n'est même plus tentante pour un jeune. C'est un désert que vous nous offrez, un désert d'ennui. Bernanos, pour vous, était un fou. Montherlant un exalté. Pourtant, ils vous ont dit tout cela.

« Le Roi Ferrante vous criait, à vous aussi :
– En prison pour crime de médiocrité ! »
« C'est à vous qu'il s'adressait.

« Avez-vous même compris la réplique du fils dans une pièce d'Anouilh, lorsqu'il s'adresse au père :
– C'est triste aussi ce que je pense...
– À quoi penses-tu
… ?
– À toi. »

Michel de Saint Pierre
La nouvelle race
éd. La Table Bonde 1961

* J.O.C.: Jeunesse Ouvrière Chrétienne
** J.C. : Jeunesses Communistes.

La fin de la jeunesse ?

L'on entendra toujours, mais c'est un lieu commun, annoncer la fin de la jeunesse. Mais la jeunesse n'est pas n'importe quel thème. Après tout, la jeunesse n'est pas seulement l'avenir d'un peuple mais, aussi, son ressort. Le ton du présent dossier n'échappe pas à la polémique : l'état de la jeunesse est, ni plus ni moins, l'honneur perdu de l'Europe.

Comme nous l'avons pu lire dans les pages précédentes, la jeunesse n'existe que par rapport à des aînés dont elle est le résultat. Or, que proposent les adultes aux jeunes ? Des réponses matérielles à des questions métaphysiques, la sécurité contre l'aventure, l'apéro et le Club Méd pour apaiser les soifs d'absolu.

On pourrait croire qu'un monde de petits vieux oublie qu'il a été jeune et vigoureux, plein d'appétit et de désirs avant de s'oublier dans un conformisme polymorphe. Ainsi, les donneurs de leçons trouvent de nouvelles façons de décliner l'antique « passe-ton-bac-d'abord » qui les faisait descendre dans la rue pour commettre des exactions qu'aujourd'hui ils réprouvent.

« On peut réussir dans la vie sans avoir le bac.

« Si l'on ne veut plus étudier du tout, d'abord, on a le droit de considérer que la réussite d'une vie, c'est la réussite dans ses relations avec les autres, l'amour et l'eau fraîche, sans grands moyens mais avec beaucoup d'autres satisfactions. On peut vivre de rien ou presque à la campagne, sans four à micro-ondes, sans automobile et être heureux quand même. C'est une philosophie, minoritaire mais respectable, et qui ne gêne personne. Ceci dit, pour vivre heureux de cette façon, il faut tout de même savoir pêcher, chasser, bêcher son jardin, construire ou refaire soi-même une maison, et accepter semaine après semaine des petits boulots dont la plupart ne sont guère agréables. (supplément TV magazine du 26 mars 1994)

L'éducation est un dressage. Aujourd'hui, l'aberrante idéologie de !a participation inconditionnelle de l'enfant, tant à l'école qu'en famille, s'est substituée aux principes de discipline et de respect. L'enfant attend du père ou du maître la connaissance ou les techniques permettant d'y accéder. L'accession à ce savoir était sacralisé par des rites d'initiation qui, impliquant la communauté, en solidarisaient toujours plus les membres. Au mieux, il n'en subsiste aujourd'hui que des parodies. À une époque où le futur adulte a la sensation que tout lui est dû et que rien n'est à apprendre, aucune étape ne mérite d'être franchie. À force de se placer au niveau des enfants – dans le royaume du désir et de l'exigence égoïste – la société devient un univers fragile, sans point d'appui, dont l'immaturité « acquise » au fil des générations est un des vecteurs de sa destruction. La jeunesse n'intéresse finalement la société contemporaine qu'en tant que puissance consommatrice et, à une époque de récession, de flou social, l'image des jeunes casseurs des banlieues, dont la seule idéologie avouable semble se cristalliser autour des blousons d'aviateurs en scooters, est le bien triste reflet d'une société gagnée par la sénilité.

Enfin, pour en finir avec ceux qui nous donnent la comédie des belles âmes, rappelons-nous qu'il n'y a point de pensée sans action. On ne pense que dans la mesure où agissant sa pensée, on l'éprouve, on l'adapte, on lui assure un échelon solide pour monter plus haut.

Que des intellectuels puissent annoncer la valeur marchande de la transmission d'un savoir qui permet tout au long de l'existence de grandir et enrichir la pensée d'une génération, montre le peu de cas qu'ils font de ce qu'ils ont eux-mêmes reçu, de ce qu'ils sont devenus.

« On m'a forcé à croire que les actes, c'étaient du rêve. Mais je sais aussi, tant par l'expérience que par l'étude de ceux qui ont tiré le plus d'eux-mêmes et de Sa nature, qu'on peut mettre une formidable réalité dans les rêves. Je puis bien fondre tout cela dans un seul jet où fuse tout mon sang. »
(Pierre Drieu La Rochelle)

Jean Halot

AVEC COURAGE…

Écoutons Guillaume, notre Duc, à Hastings. Avant la bataille il incite ses hommes à donner le meilleur d'eux-mêmes pour la victoire des armes Normandes. Et lorsqu'il cherche les termes qui conviennent le mieux au tempérament Normand il trouve deux expressions que nous restitue la Broderie de Bayeux : Viriliter et Sapienter ... Avec Force et Courage ! Seuls ceux qui ne font rien et restent au coin de leur radiateur peuvent nier le Courage que doivent montrer les militants du renouveau Normand. Oh ! certes, ce n'est pas le Courage des combats. On ne demande à personne de mettre le casque et de suivre le drapeau sang et or au milieu des éclatements de grenades. Mais il existe une autre sorte de Courage. C'est celui des hommes qui passent leurs dimanches dans les fêtes régionalistes à faire de la propagande pour le réveil Normand, après avoir passé leurs journées à expliquer à leurs camarades de travail ; après avoir passé leurs soirées à convaincre leur famille et leurs amis. Il faut du Courage pour vivre tous les jours vingt-quatre heures sur vingt-quatre en Normand. Faire de son foyer un foyer de foi Normande est aussi un acte de Courage. Les visages sortent de l'ombre quand nous associons les noms de militants Normands et celui de la vertu Normande de Courage. Et il en faudra toujours davantage pour remonter le courant de moquerie, de veulerie, de haine. Ils seront plaisantés. Ils seront détestés même. Leurs compatriotes ne les comprendront pas toujours et les horzains riront de leurs échecs. Mais ils possèdent ce qui est aussi important que le Courage et qui est la Sagesse que connaissait bien le Duc. La sagesse n'est pas l'ennemie du Courage. C'est une Force accrue, une Force contenue. Elle est le bras qui permet au poing de s'abattre. Elle enseigne la patience, la réserve – le silence parfois. Elle apprend à réfléchir et aide à tenir. La sagesse enseigne ce qui est possible. Et tout est possible quand on prend la bonne route. Le bon cap. N'oublions pas les deux maître-mots de Guillaume : point de Courage sans sagesse, point de sagesse sans Courage. Mais avec les deux réunis, comme nos grands à Hastings, nous pouvons conquérir un monde

… ET SAGESSE

Jeunesse VIKING

Au Printemps 1954 la revue Viking change son sous-titre « cahiers de la jeunesse des pays Normands » pour devenir « revue des pays Normands» ; elle en explique les raisons dans son éditorial.

Il est possible que nos lecteurs voient disparaître avec regret le qualificatif de « jeunesse » dans notre sous-titre. Qu'ils se rassurent. Nous n'avons guère perdu en cinq ans de notre enthousiasme. Mais là encore la situation de « Viking » a évolué depuis mars 1949. Nous touchons aujourd'hui un public varié, extrêmement dispersé dans l'espace et aussi dans le temps, puisqu'il n'est guère d’« anciens » de l'Action Régionaliste Normande qui ne soit désormais avec nous. Le seul fait que nous prenions la parole implique la jeunesse. Jeune est le pays qui veut vivre. Jeunes sont ceux qui refusent de désespérer.

Les générations se succèdent comme une chaîne sans fin. Chacun apporte, avec le visage qui lui est propre, une somme d'efforts et de réalisations unique. Dix ans après la fin de la guerre nous discernons la montée d'une « jeune génération » qui n'est pas aussi décourageante et découragée que les esprits chagrins voudraient nous le faire croire. C'est à ces garçons et à ces filles que nous pensons plus particulièrement aujourd'hui. Beaucoup de jeunes découvrent par eux-mêmes tout ce que l'idée Normande contient de vitalité. Cette prise de conscience est d'autant plus intéressante qu'elle n'a pas été organisée. Personne n'a fait « appel à la jeunesse ». La jeune génération est profondément solitaire – et, disons le mot, livrée à elle-même. Alors les médiocres deviennent médiocres un peu plus tôt. Mais les autres entreprennent par eux-mêmes les choix décisifs : foi, famille, métier. Ils crochent dur dans la vie et nous sentons que leur grande soif de réalisation qui s'impatiente dans ce monde plus hostile que jamais à tout ce qui veut vivre et grandir. Nous osons croire que nous ne leur présentons pas ce visage fermé contre lequel bute chacun de leurs pas. Nous ne cherchons pas non plus à les « récupérer », à les étouffer. Nous ne leur demandons qu'une chose : de rester vraiment jeunes... Ils commencent déjà à comprendre que c'est à eux de bâtir un monde à la mesure de leur rêve. Mais ce monde ne peut se construire que dans leur entourage le plus immédiat. Même s'ils n'ont pas d'« idées Normandes », la dissolution actuelle de la société française les oblige pour être réalistes et efficaces à ne plus attendre de mots d'ordre ou de solutions préfabriquées de Paris. Ils ne peuvent rien changer au fait qu'ils sont Normands. Et ils ne peuvent rien changer non plus au fait que chacun de leurs actes est un acte de vie de la jeune Normandie.

Nous constatons, sans que nous y soyons pour grand chose, que les jeunes s'intéressent de plus en plus aux réalités Normandes. Non dans ce qu'elles perpétuent de souvenirs du passé mais dans ce qu'elles présagent de réalisations d'avenir. La « consécration » de la capitale perd peu à peu de son prestige.

Quant au jugement sur « la politique », le refus de la jeune génération est encore plus catégorique que le nôtre. Les jeunes mercenaires des diverses sectes politicardes sont de plus en plus rares.

Par contre ce sont par milliers que les jeunes se pressent aux rencontres internationales qui, par delà les haines périmées, essayent de réaliser l'unité des valeurs européennes. Et de cette confrontation nous attendons beaucoup. Non seulement pour cette unité supérieure qui constitue Notre Monde mais aussi pour Notre Pays. Car les jeunes français de Normandie, à rencontrer d'autres jeunes Européens, sentiront tout ce qu'ils ont perdu en abandonnant leur originalité Normande. Ils pourront soupeser la richesse humaine de ces « folklores » (dans le sens le plus large et le plus noble du mot) qui modèlent ailleurs des types de garçons et de filles plus naturels, plus joyeux, plus efficaces et bien mieux préparés aux tâches essentielles. Ils pourront aussi se rapprocher des jeunes de la grande famille Nordique qui a tant contribué à l'élaboration d'un idéal de liberté, de travail, de courage et d'honneur.

Nous reviendrons sur ce « Nordisme » auquel nous nous rattachons par tant de points et auquel nous entendons rester fidèles sans pour autant prononcer d'exclusives partisanes. Car les exclusives ne sont justement pas « Nordiques » ...

C'est pourquoi nous croyons utile de préciser davantage ce que renferme pour nous le terme de « Viking ». Ce mot signifie dans cette revue exactement la même chose que le mot jeunesse. Viking est synonyme de jeune. Il représente aujourd'hui les mêmes vertus d'entreprise, de ténacité, de goût du risque de sens de l'honneur qu'il y a mille ans. Il veut féconder la terre Normande exactement comme le firent les invasions Scandinaves. Viking n'est donc pas un terme « historique », au sens strict. Certes nous n'irons pas nier l'imprégnation Noroise en Normandie. Nous nous en réjouissons volontiers. Mais le terme de « Viking » ne saurait avoir pour nous un contenu racial dans le sens étroit du terme. II y a aujourd'hui des « Vikings » partout en Normandie. Il y a même des « Vikings » qui ne sont pas Normands. Par contre bien des citoyens du Calvados ou de la Seine-Inférieure, malgré la couleur de leur poil ou de leur prunelle, ne sont en rien des Vikings. Il y a des Vikings dans tous nos pays et il y en a dans toutes les branches de l'activité humaine.

Les Vikings sont ceux qui disent non à la décadence et non à la mort. Ceux qui refusent mais aussi ceux qui agissent. Ceux qui rejettent le monde informe qu'on leur propose de construire autour d'eux des cellules humaines à leur image. Les Vikings sont obligatoirement des créateurs, des fondateurs, des réalisateurs. Ce sont ceux qui vont de l'avant. Et parce qu'ils vont de l'avant, ce sont eux qui, comme il y a mille ans, font le pays à leur image. Notre déclin s'explique par la raréfaction, pour des causes diverses, du sang Viking, à condition de ne pas enfermer le terme de sang dans les seules réalités biologiques. Il est bien certain que des hommes d'entreprise et d'initiative, de volonté et de courage ne sauraient s'adapter au moule uniforme d'un « idéal » tiré par millions d'exemplaires. Mais les véritables Vikings à être moins nombreux et plus isolés n'en possèdent peut-être que plus de force interne...

Cette revue vise à les rendre pleinement conscient de cette force. À leur montrer d'où elle tire son origine. Elle ne saurait pour autant leur fournir un système de pensée ni même un système d'action. Nous n'avons jamais cherché à enfermer la vitalité Normande dans Une doctrine étroite et abstraite.

À la renaissance indéniable de l'idée Normande devait correspondre une revue Normande. C'est le rôle de « Viking » aujourd'hui.

Demain seul pourra tirer les conclusions nécessaires de ce fait : Le renouveau de l'esprit Viking chez les jeunes de Normandie.

VIKING Printemps 1954