On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



vendredi

Runes, automne 1992


Éditorial

de ... PIERRE ANDRIEU GUITRANCOURT

L'histoire de la Normandie et de ses institutions est reconnue pour avoir servi de modèle aux anglo-saxons et aux français.
Mais, au-delà, la geste des Normands relie la Sicile, les établissements chrétiens d'Orient, la Russie aux pays scandinaves, témoigne de l'expansion de ces peuples remarquables par leur hardiesse et heureux dans leurs entreprises.
On ne voit guère les Normands qu'en envahisseurs assimilés sans se rendre compte que, si le pays conquis a beaucoup donné, le conquérant a donné plus encore. Le faste des maisons princières a attiré des cours d'intellectuels et a ainsi permis la naissance de nouvelles nations, soudant sur une base morale neuve des agrégats de peuples longtemps laissés sans direction.
L'histoire d'une communauté n'est pas nécessairement celle d'une patrie aux frontières immuables. Elle est fréquemment celle qui raconte les épisodes d'un même continent, voire d'autres terres soumises aux mêmes règles de vie et réunies aux mêmes aspirations. Vouloir considérer quelques pages de cette histoire des civilisations hors de leur contexte c'est fractionner, dénaturer les faits et les rendre ainsi incompréhensibles. Ces remarques valent pour les Grecs, les Romains, les Franks et leurs colonies, et se justifient encore plus particulièrement lorsqu'il s'agit des Normands. Originaires de Scandinavie il se sont introduits partout et ils ont continué à vivre en obéissant aux mêmes principes civilisateurs sans jamais cesser de garder entre eux un contact étroit et fécond en résultats divers. .
Ce fait est primordial pour notre histoire européenne, même si de cet étonnant empire il ne reste plus rien aujourd'hui que des souvenirs. Car les empires qui disparaissent laissent à l'humanité, toujours en peine de s'organiser, quelques uns des principes qu'ils avaient inventés au mis en valeur. Notre temps leur doit donc une dette de reconnaissance.
L'Angleterre et la France peuvent saluer ces Normands aux âmes héroïques, car sans eux leur histoire n'aurait pas eu son éclatant rayonnement. La Russie ne doit pas oublier que le créateur de l'empire fut Normand. Pays Scandinaves et Normandie conservent les souvenirs d'autrefois et gardent dans le cadre de leurs institutions locales et politiques les coutumes, les manières d'être qui, après les Romains, firent dans notre monde l'œuvre la plus originale et la plus considérable qui ait jamais été réalisée.

d'après la préface de « l'Histoire de l'Empire Normand » Payot, 1952

L'Histoire vraie révèle des lumières et des ombres
qui dessinent le visage d'un peuple
Elle éclaire le présent
Elle annonce l'avenir.
Jean LECANUET 8 septembre 1992

Le plus vieux monument normand a 6 000 ans

Une équipe d'archéologues vient de dégager, sur l'île de Jersey, à la Hougue Bie, une sépulture de 47 mètres de diamètre et 10 mètres de hauteur. (Ouest France du 18/8/92)

Ce cairn, dont les origines sont antérieures à l'arrivée des indo-européens, est actuellement surmonté d'une chapelle : il atteste que nos espaces occidentaux, loin d'être vierges de toute civilisation, connaissaient déjà une forme de culture, et donc que l'Europe est une vieille histoire où chaque pierre apporte son témoignage.

Jean-François Bollens

1992, Année Viking

Paris, Rouen, Caen ... impossible d'échapper ou de tenter d'ignorer le retour des vikings. Tout a été montré, dit, ou presque... Au-delà des vitrines et de leur témoignage, ce sont de nombreux liens qui ont été renoués entre les deux faces d'un même peuple. Plus que l'exotisme et la magnificence des objets, ces manifestations ont permis de réviser les vieux a priori dérivés du monastique « De la fureur des Normands... »

De cette fureur, Jean Mabire nous offre une fresque qui explique les origines de cette colère mémorable, dans son volume « LES VIKINGS A TRAVERS LE MONDE » (Éditions de l'Ancre de Marine)
J.-F.B.

1994 ARMADA

Du 10 au 17 juillet 1994, Rouen remet ça !

On ne soulignera jamais assez la place que «la mer » occupe dans l'imaginaire des rouennais. Malgré son éloignement de la houle Rouen affirme son attachement à sa vocation maritime.

Après « les Voiles de la Liberté » en 1989 et le succès de « Brest 92 », les quais de Rouen accueilleront pendant quatre jours « l'Armada de la Liberté » et montreront la volonté que les normands ont de maintenir une tradition Maritime.
J.-F.B.

N.V.G.

NAVIRE A GRANDE VITESSE

Tradition maritime toujours dans les esprits, et que les Ateliers et Chantiers du Havre associent avec progrès, avec le projet du N.V.G. dont la technique est aussi révolutionnaire que celle du « drakkar » de l'an mil l'a été pour la construction navale de son époque.

Rouen, c'est ton port que l'on assassine !

Reconnu sous Louis XIII pour son dynamisme lors de la première exposition coloniale, le port de Rouen se meure, le laisserons-nous mourir ?
Jusqu'en 1945 les activités fluviales et maritimes faisaient leur rencontre au sein de la ville. La Seine, fond d'estuaire pour les uns, ouverture vers Paris pour les autres, était le premier boulevard de la capitale de la Normandie.
Aujourd'hui, Port Autonome oblige, mais qu'est ce qu'un Port Autonome sinon une structure indépendante de son contexte, l'activité portuaire est excentrée vers l'aval et se spécialise dans le chargement de céréales, dont on considère qu'elles constituent son fond de commerce... Le problème des céréales est qu'elles sont exportés à 70% dans un cadre qui s'apparente à de l'aide humanitaire. Bel exemple de dynamisme que l'on compense par le remblai de la moitié du bassin aux bois, tandis que les quais s'effondrent sans que les responsables du Port Autonome envisagent de conserver son aspect «civilisé » aux rives de la Seine aux portes de Rouen.
Une preuve supplémentaire à apporter au dossier de la décentralisation ; la régionalisation des structures que l'État n'a plus la volonté de maintenir malgré les nombreuses années de profits.
François Delaunay

Mauvais goût à « Paris (Normandie) » ?

Notre grand quotidien « régional » qui le 4 juillet a lancé sa campagne d'abonnement de vacances sous le slogan :

« Quittez votre région »
« Pas votre journal »

Bien que chez M. Allard on soit plus attaché à une vision pour le moins frileuse de la Normandie, limitée aux vingt kilomètres qui entourent Rouen, certains de ses collaborateurs semblent conscients du risque que représente l'exode estival. Non qu'ils redoutent de voir les Normands quitter définitivement leur région, mais plutôt par crainte que les lecteurs du grand quotidien « régional », viennent à découvrir de véritables organes de presse régionaux qui informent sérieusement sur l'actualité de vraies régions.

DIEPPE REPUBLIQUE BANANIERE ?

13% de chômeurs suffisent-ils pour justifier qu'E.D.F. considéré les dieppois comme une espèce taillable et corvéable à merci ?

Alors que Penly produit déjà l'équivalent de la consommation électrique d'une agglomération de 2 à 3 millions d'habitants, E.D.F. anticipe depuis le mois de février sur les autorisations d'extension de sa centrale. L'accord officiel pour commencer ces travaux irréversibles ne devait être donné qu'en septembre. Deux nouveaux réacteurs achèveront définitivement la sur nucléarisation du littoral cauchois qui semble pourtant avoir bien pris sa part de risque.
F.D.

Maastricht : la Normandie dit non !

Pour la première fais dans son histoire, la Normandie infirme l'analyse d'André Siegfried (La France de l'Ouest) et se prononce contre le pouvoir en place, contre l'appareil politicien ...

Calvados :
inscrits 420614 ; abstentions 124244 ; OUI 146396 ; NON 146974.
Manche :
inscrits 340961 ; abstentions 100407 ; OUI 115190 ; NON 125364.
Orne :
inscrits 209403 ; abstentions 59701 ; OUI 72450 ; NON 77252.
Eure :
inscrits 345343 ; abstentions 100354 ; OUI 106006 ; NON 138993.
Seine-Maritime :
inscrits 804903 ; abstentions 244700 ; OUI 255513 ; NON 304590.
Ensemble de la Normandie :
inscrits 2121234 ; abstentions 632406 ; OUI 695655 ; NON 793173

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« L'Europe ne se construira pas sur un magma de culture uniformisées... elle a besoin de se nourrir de la diversité et de la richesse de ses traditions.

« Les régions constituent des interlocuteurs privilégies, appelés à se concentrer sur leurs missions essentielles. L'espace européen qui n'est pas homogène appelle en effet des traitements différenciés.

« Certes, dans la compétition à laquelle nous ne pouvons échapper, la Normandie serait mieux armée si elle réunissait enfin les cinq départements qui la composent. »

Pierre Albertini
Conseiller Régional de Normandie

Vers la fin du cassoulet aux escargots ?

La réglementation adoptée par les ministres des douze protégera tous les produits d'appellation d'origine ou disposant d'une indication géographique.
L'appellation d'origine contrôlée (A.O.C.) s'élargit donc vers l'appellation d'origine protégée (A.O.P.), mais le nom de camembert, succès oblige, restera dans le domaine public. Pour prévenir le consommateur, le statut d'indication géographique Protégée (I.G.P.) interdira de préciser « de Normandie» ou « fabriqué en Normandie» si le produit ne fait qu'y transiter.
Afin de préparer cette défense des produits régionaux, le Conseil National des Arts Culinaires (C.N.A.C.) mis en place par MM. Lang et Mermaz, se tient à disposition, des régions de programme pour la modique somme d'un demi-million de francs. (COUAC)

Twingo génération Mac Do ?

Décidément, il doit être dur le souvenir du discours de Mexico dans la tête du dirigeant politique qui voulait défendre « notre culture » contre l'impérialisme U.S.

La Régie Renault (d'État) adopte le slogan publicitaire le plus idéologiquement suicidaire du siècle en associant la production d'une automobile française au symbole le plus virulent de l'invasion alimentaire, ambassadeur du monde le plus capitaliste (mais le gouvernement français est-il encore socialiste ?) d'une entreprise manifestement impérialiste et américaine (Cuba, Che Guevara ont- ils existé ?).

Pour l'État qui se veut le fer de lance de l'européisme cela nous promet des lendemains qui (dé)chantent.

SEINE NORMANDIE

Une fois de plus Paris, capitale oblige, entend régenter tout ce qui semble vital à sa survie sans vouloir prendre en compte les intérêts de ses « partenaires » réduits à une simple figuration muette… Qu'il s'agisse de gravières normandes sur exploitées pour le bâtiment et les travaux publics d'Île de France (13 000 F. le m² pour 140 000 logements d'ici 25 ans) ou de « politique » des eaux, tout doit aller au profit exclusif de nos incontournables voisins.

Depuis quelques mois des campagnes de « Promotion du Patrimoine Culturel » mettent en avant la volonté de l'agence « Seine Normandie » de dépolluer et de purifier les eaux de la baie du Mont Saint Michel... tandis que la Seine reste le principal vecteur de pollution en plomb, mercure et cadmium de la Manche.

« Jusqu'aux portes de la capitale, vous avez une eau claire, riche, l'éco-système est vivant dynamique » (Ghislain de Marcilly du C.N.R.S.). Après … 200 000 m3 d'eaux usées, non traitées sont déversées chaque jour dans le fleuve parce que les parisiens ont pétitionné contre l'extension de la station d'épuration d'Archères sous prétexte de mauvaises odeurs !

A Paris actuellement seuls 80% des eaux usées sont traitées, et ce traitement ne concerne ni les phosphates, ni les nitrates. Si la directive européenne du 31 mai 1991 était appliquée l'Île de France devrait effectuer une sérieuse mise en conformité de son réseau d'égouts « haussmannien », ce dont, semble-t-il, elle préféré réaliser l'économie en préconisant de cesser l'approvisionnement en eau le temps du passage d'une pollution.

Tout ceci serait plaisant si il ne s'agissait que de « cadre de vie », après tout « en province ... ». La croissance des nitrates constitue un réel danger pour la santé des populations les plus fragiles en s'attaquant aux globules rouges chez les petits enfants et en favorisant les cancers.

Une solution s'impose alors pour continuer d'alimenter en eau potable la population francilienne : le captage et l'adduction des sources des vallées de l'Eure et de l'lton.

Une fois de plus, les Normands font les frais d'une politique qu'ils subissent sans pouvoir véritablement défendre leurs intérêts vitaux.
Jean Halot

Betterave

Au gouvernement français qui, inlassablement depuis huit siècles, après les barons et les clercs trop normands, poursuit son œuvre de démantèlement de la Normandie sous des prétextes autant immédiats qu'irréfléchis.
Après La Poste, la S.N.C.F., la gestion du littoral, source de richesses naturelles est bradée, la Navale quitte Cherbourg, la Flottille du Nord part à Brest et la Direction de la Construction Navale (six mille personnes) voit ses activités révisées à la baisse.
Comme quoi l'on peut toujours parler de Paris et du désert français.

Betterave

Pour les élus « de Normandie » qui, sensés défendre les intérêts de la Basse-Seine, ont courageusement négocié la transformation du demi échangeur de Beuzeville en échangeur complet contre la concession de l'A 28 à la Société d'Autoroute Paris-Normandie (S.A.P.N.)

Lorsque l'on se souvient du délirant manque d'enthousiasme dont ils ont su faire preuve lors du montage financier du Pont de Normandie ...

Que Dieu nous protège de nos « amis ».

HUMEUR

Convoqués ... Vous avez dit convoqués !

J'étais présent lors du conseil d'administration du Mouvement Normand à Vimoutiers du 29 février 1992 où l'un des intervenants faisait remarquer que le conseil régional d'Île de France convoquait les représentants des conseils régionaux voisins afin d'harmoniser leurs plans de développement respectifs.

Cette petite phrase et ses sous-entendus m'ont parus très lourds de sens dans le débat sur la régionalisation française, En effet, si le C.R. d'Île de France se permet purement et simplement de convoquer les représentants des C .R. voisins, cela implique un rapport de subordination qui me semble totalement intolérable.

Qu'il soit bien entendu qu'il ne s'agit pas nullement, à mes yeux, de refuser toutes coopérations avec des régions voisines, y compris l’Île de France, mais je ne peux tolérer qu'un rapport de hiérarchie s'instaure entre régions qui, par définition, doivent être considérées comme égales entre elles selon le principe de l'organisation républicaine actuellement en vigueur en France, sauf erreur de ma part.
Que l’Île de France manœuvre pour conforter la prépondérance à laquelle elle ambitionne est déjà inquiétant et que nos représentants acceptent ce genre de traitement sans y trouver à y redire ne révèle, après tout, que leur manque de fierté pour les charges électorales qu'ils occupent, mais cela implique, et c'est là que le bât me blesse, que les électeurs, de toutes tendances d'ailleurs, qui les ont amenés à ces postes sont, par ce traitement, considérés comme des citoyens de seconde zone !

Sommes-nous donc les ressortissants d'une colonie, d'un dominion ? Les plans de développement inter régionaux ainsi « harmonisés » semblent, hélas, le prouver puisque les régions périphériques à l'Île de France sont mises en coupe réglée au bénéfice des seuls franciliens avec l'aval du gouvernement et des états-majors des partis nationaux. Nous arrivons à l'institutionnalisation d'une France à deux vitesses alors que dans le même temps, l'on nous rebat les oreilles avec la constitution d'une Europe confraternelle et surtout égalitaire entre ses différentes composantes. Dans une pareille perspective, Messieurs les beaux parleurs feraient bien, à mon sens, de revoir leurs positions sur cette « organisation » intérieure avant de tenter une construction somme toute assez hasardeuse sur des fondations présentant un tel défaut. (aussi peu fiables - un tel vice)

Dominique Delapierre

lundi

Runes, hors série n°3 1992


Éditorial

Lettre à un cousin de Bretagne


« Certes l'identité des peuples occidentaux est atteinte, spirituellement et physiquement, mais le ressort n'est pas cassé puisque les peuples d'Europe se réveillent, s'ébrouent et brisent leurs chaînes », disait l'orateur.

Matérialisme scientifique ou libéralisme avancé (entendez : «matérialisme marchand ») les deux se rejoignent et se complètent. Leur idée conductrice commune est de réduire l'âme des peuples, leur culture et leurs traditions. L'œuvre aurait pu réussir, mais le plus immédiatement insupportable de ces deux totalitarismes, celui sur lequel pointe toujours, figé dans l'airain, l'index accusateur des bonnes consciences qui se sont tues durant tant d'années, provoque la répulsion à laquelle nous assistons aujourd'hui. Si les peuples de l'Est ont rompu le charme maléfique qui les envoûtait depuis soixante-dix ans, il ne faudrait pas conclure que le « modèle » occidental doive constituer une référence absolue : le libéralisme est, lui aussi, sous son apparence anodine, une machine à tuer les peuples.

« Une Nation peut-elle mourir sur son propre sol ? » posait Joseph de Maistre. Les courbes de natalité des pays de la Communauté Européenne « Élargie » sont une partie de la réponse. Les Européens de l'Ouest, avant même d'exister en tant qu'entité politique, ne s'aiment déjà plus, annoncent leur morbide volonté de plus être.

Ils n'ont plus de goût pour leurs cultures, leurs traditions : leurs avenirs leurs sont obscurs et incertains, ils refusent de se transmettre.

« Nos peuples, abrutis par les commissaires politiques et les amuseurs télévisés, sont voués à la lâcheté et à la bêtise, au reniement et à la trahison.
« Partout on apprend aux gens de notre monde à avoir honte d'eux-mêmes, on répand la mauvaise conscience, on prêche l'abandon de nos valeurs et de nos traditions. »
(Jean Mabire 06/1964)

Comment oser soutenir, à partir de ce constat d'auto destruction planifiée, que, pour quelque système de valeurs morales auquel on tienne, l'Autre pourra être aimé ?
O.D.I.N.-76

Y-a-t'il une identité française ?

Tout au long de l'Histoire, il apparait toujours deux France, face à face, qui se haïssent au point de s'entre-tuer. Rien de tel dans les autres pays européens : ils ont tous connu des conflits internes, mais pas ce perpétuel antagonisme.
Le spectacle de la France, par ailleurs, proclame la même absence d'unité, qu'il s'agisse des appartenances historiques de la moitié de ses provinces, des orientations géographiques de ses diverses parties, des cultures populaires qu'on y rencontre ...
Par contre, le système et les institutions politiques que Paris a imposé aux peuples que réunit l'hexagone depuis les débuts de la monarchie, loin d'exprimer sa diversité fondamentale, sont les plus unifiés du monde et, même quand il est question de décentralisation, les représentants de la Nation française ont fait un tabou de son « Une-et-Indivisibilité » !

La première illusion à dissiper est que la France, traduite en hexagone, est un ensemble géographique voulu par la nature. Pour se persuader du contraire, il n'est que de contempler sa carte physique placée à l'envers : le fameux hexagone saute-t-il aux yeux ?
Cinq formules politiques se dessinent spontanément :

carte 1 : La France à l'envers.

1 Bassin de la Seine.
2 Bassin de la Garonne.
3 Massif Armoricain.
4 Bassin du Rhône.
5 Bassin Rhin-Meuse-Escaut.

Logiquement, nous aurions du assister à la formation historique d'une fédération de l'isthme européen. Les hommes en ont disposé autrement.
L'esprit de domination a prévalu sur celui de coopération.
L'isthme européen n'a pas que la particularité d'être très compartimenté, il a encore celle d'être dissocié entre trois orientations maritimes et trois orientations continentales différentes. II est donc à la fois un point de rencontre et un point de dispersion, et non pas ce que le mythe prétend qu'il est : un creuset.
Sous d'autres rapports, on chercherait en vain une unité géographique quelconque à l'hexagone. Il semble que la France ne soit devenue une personne, dans l'esprit public, qu'après la mort de Louis XVI, qui la personnifiait en la sacralisant. II était impossible de demander au peuple de renoncer à sa Foi dans la Patrie-Personne.

Les aires linguistiques, fixées au XIème, siècle, ont peu varié pour l'essentiel jusqu'à l'époque actuelle, qui, pour la première fois, met en péril les langues populaires. Sept langues se partageaient alors le territoire de l’hexagone :

carte 2 : Les Langues au Xème siècle.

1 le Français d'Oïl.
2 L'Occitan.
3 L'Italo-Occitan.
4 Le Franco-Provençal.
5 Le Basque.
6 Le Catalan.
7 Le Norrois.
8 Le Celtique.
4 Les Bas et Haut-Allemand.
10 Les dialectes Italiques.
11 Le Castillan.

Il faut reléguer aux archives le mythe de l'hexagone et rendre la parole à la diversité de la Flandre à la Guyenne, de la Corse à la Normandie, de la Franche-Comté au Pays Basque, de la Bourgogne au Languedoc, de l'Alsace à la Bretagne, de la Savoie aux Pays Toulousains.

Alors que le pouvoir, en 1981, a dit vouloir accepter une véritable régionalisation, il est temps que celui-ci l'accompagne d'un réveil des identités qui viendra redonner vigueur à notre vieil ensemble français.
d'après Olier MORDREL
(Le Mythe de l'hexagone)

Qu’est- ce que l'identité Française ?

L'identité d'un peuple, d'une Nation ne peuvent être définis sans qu'il soit tenu compte des données ethniques et historiques.

Souvent ethnisme et tradition se sont opposés au travers de deux écoles : l'Allemande et la Française.
D'un côté, Fichte affirme le caractère mono-ethnique de son pays : « l'Allemagne n'est pas une création de l'histoire mais une race primitive qui a le droit de se proclamer, purement et simplement, ‘le’ peuple (ALL MAN) ».
De l'autre côté, Renan rejette la « théorie des deux races » exposée par le Duc de Saint Simon, Boulainvilliers et Michelet. En effet cette théorie aurait dressé, l'un contre l'autre, le peuple supposé d'origine gallo-romaine et la noblesse théoriquement de sang germanique. Aussi Renan préféra poser le principe de la diversité ethnique de la Nation française qui devint « la possession en commun d'un riche legs de souvenirs » auxquels on prête « la volonté de faire valoir l'héritage que l'on a reçu indivis ».

La prétention française à l'universel est une idée, aussi constante que couramment admise par tous les milieux intellectuels et politiques, d'Antoine de Rivarol à Jules Ferry, pour ne citer qu'eux. Cette prétention, héritage vieux de trois siècles, nous fait claironner sur tous les tons et à tous les modes que « Tout homme a deux patries : la sienne et puis la France ». Comment s'étonner ensuite, qu'une « identité nationale » ainsi définie ne conduise pas à la justification, abusive jusqu'à l'absurde, du « jus soli ». Le « droit du sol », soit, mais à l'époque où il a été défini par le législateur quels étaient les circonstances, la nature, l'ampleur et la qualité des flux migratoires ? S'agissait-il de migrants internes aux limites de l'Empire français ? De migrants artistes ou intellectuels, pour lesquels s'instaura, quoiqu'on puisse en penser, le droit d'asile « politique » ? D'artisans qui, sur les mêmes bases identitaires, chrétiennes et philosophiquement compatibles, apportaient quelque chose de plus à l'édifice commun avant de se fondre dans une partie de l'ensemble ?
Ou étaient-ce de simples réfugiés économiques, attirés par la manne que dispense un système social dévoyé, qui en six mois redresse les courbes statistiques démographiques des « nationaux », dont l'utilité véritable ne se retrouve que dans l'apaisement qu'ils apportent aux princes ethnocidaires qui souhaitent prolonger l'existence de leurs gouvernements ?
Nous voyons aujourd'hui, alors que les frontières entre les États d'Europe viennent d'être supprimées, que la confusion perdure. Si nous sommes français, ou allemands … c'est parce que nous le sommes de Normandie, de Bavière ... La volonté suicidaire qui abaisse les frontières intra européennes ne fait que prolonger celle qui hier ne voulait plus voir « cracher par terre et parler breton »au nom de la prétendue « unité du peuple français ».

« L'histoire de son pays est nécessaire pour tout homme éclairé qui ne veut pas vivre comme un étranger dans sa patrie » posait le Chancelier d'Auguesseau.
Si, pour certains, la France « patrie des Droits de l'Homme » est née en 1789, d'autres, non moins dangereux pour nos existences régionales, voudraient conforter l'unicité et l'indivisibilité de son histoire, du mésolithique à nos jours, comme si les dieux anciens avaient devancé la volonté divine des chrétiens en faisant de notre « pré carré » la citadelle d'un destin messianique.
Nous subissons, ici encore, un assaut de l'intelligentsia centralisatrice. L'Église et la Monarchie capétienne, pour assurer leur stabilité politique vis à vis des grands féodaux, se sont cherché des racines auprès de Charlemagne, de Clovis et de l'Empire Romain. Après la défaite de 1870, la république fera du vaincu d'Alésia le premier héros national de notre histoire.
Monnaie gauloise à l'effigie de Vercingétorix

Cette vision romantico-cocardière conduira à l'auto-génocide européen de 1914-1918, Droits de l'Homme oubliés le temps de sauver la Patrie. Mais les millions de morts de toutes ces vaillantes armées ne doivent pas nous faire oublier que Charlemagne « Empereur à la Barbe Fleurie » était un germanique dont le Palais d'Aix la Chapelle est aujourd'hui à Aachen, que Clovis était un Franc donc un Belge, et que, pour en finir, l'Empire Romain, si il a laissé des scories fertiles et civilisatrices, n'en demeure pas moins un phénomène totalement allogène au Nord de la Loire. Accepter que l'on fixe les bases d'une France mythique sur de telles allégations, relève d'une l'élucubration du même ordre que prétendre que, consécutivement à l'occupation « Anglaise » des Plantagenets, Bordeaux est une ville Scandinave !

Lorsque Bernard-Henri Lévy fustige « les communautés de faits d'abord. C'est à dire de ‘race’, de ‘terre’, de ‘terroir’, de ‘région’, de ‘nation’, que sais-je encore, toutes les communautés incarnées (…) dont l'horizon me parait toujours être l'enfermement, la violence et finalement la barbarie » pour magnifier « les autres, les communautés de verbe, de loi, de papier, d'idéal. Des communautés sans ancrage, des rassemblements sans frontières, des identités cosmopolites et toujours transgressives » ; il fait plus que prolonger les vieilles racines du démon jacobin, il apporte surtout la terrible preuve de sa méconnaissance des réalités qui tissent le vieux fond « français » comme celle de son mépris pour ceux qu'il prétend « aimer ». Comment Bernard-Henri Lévy peut-il nier, ou tenter de faire admettre, que les nations, régions, terroirs ou terres habités par des individus, possèdent autant de marques de civilisation transmises par la parole comme par l'enracinement alors que le souvenir quasi mystique d'un terroir propre peut rester vivace jusqu'à justifier une ardente réappropriation qu'aucune sanction ne doit réfréner ? Comment nier que les sociétés, quelques soient leurs lois, subissent les idéaux de leur temps ? Que les Empires, s'ils ont permis des rassemblements par-delà les limites étatiques ou ethniques, n'ont jamais interdit aux citoyens de vivre et de prospérer au rythme de leurs traditions ancestrales ? Comment peut-on oser espérer faire admettre que dans la permanence du chaos, donc de la violence, de la barbarie, qui sont d'authentiques enfermements, l'on puisse maintenir des communautés sans racine, toujours transgressives, puisque qu'elles s'opposeraient aux lois et à la survie des communautés ? Bernard-Henri Lévy confirme par ses propos sa filiation troublante avec ceux qui niaient, hier encore, les particularismes mais se servaient de leurs références (clochers, campagnes, épouses, mères) pour conduire les nations européennes à l'hécatombe ! Il montre, à suffisance, que toutes les façons d'être ennemi des identités françaises, si elles poursuivent des buts différents, se valent et se rejoignent dans leurs méthodes.
Que l'on défende une France pluriethnique et/ou multiculturelle, dans ces conditions exo-centrées, n'est qu'en apparente opposition avec ceux qui s'adonnent à une vision exclusivement autocentrée sur Paris. Leur querelle n'est qu'une dispute sur une question de niveau : les uns tiennent pour l'intégration sur un modèle américanisé, les autres pour un melting-pot ou la carmagnole feraient la farandole avec les rois de France autour de Notre Dame de Paris ou dans les jardins de Versailles. L'un comme l'autre relève du même appauvrissement cérébral. Ne pas savoir s'accepter Breton, Normand ou Picard, c'est ne pas savoir s'aimer Français. Prétendre que vouloir maintenir nos réalités millénaires enracinées dans nos terroirs est une position d'enfermement, plus que vouloir nous rendre étrangers les uns aux autres, nous rend avant tout étrangers à nous même. C'est une confusion regrettable, mortelle pour nos communautés de destin, qui interdit tout avenir européen.

Les exemples de relecture de l'histoire donnent plus souvent lieu à réflexion que de sujets à digressions. Si la France fait partie de l'Europe, c'est parce que, au-delà de sa diversité interne, elle est très majoritairement indo-européenne de peuplement. Dans ce cas il nous faut admettre que notre vision contemporaine de la France, germanique au Nord, latine au Sud, celtique dans son ensemble, est anachronique si l'on accepte de ne la considérer que sous le seul concept de nation développé depuis 1789 dont on ne peut regretter les conséquences tout en défendant les principes.
La France procède de la race indo-européenne, mais ce peuplement s'est échelonné sur une période allant de – 4.000 à – 3.400. Cette longue période a permis aux hommes de s'intégrer aux paysages qu'ils ont façonné, aux autres peuples qui occupaient antérieurement notre espace européen, avec plus ou moins de bonheur pour les premiers occupants, et de recréer des îlots de particularismes. Ce sont ces espaces et ces hommes qui ont créé les regroupements tribaux, ces nations qui s'appliquent à prouver une filiation des individus avec un héritage moral et spirituel plus que matériel, à leur sang, à leurs œuvres et qui perdureront au moyen-âge avec, par exemple, la Nation Normande au quartier latin de Paris. Les patries, terre des pères, existent, complémentairement aux nations, et sont l'héritage matériel d'un patrimoine fruit du travail ou du génie créateur.
Cet essai de définition de nation et patrie posé, nous tiendrons pour admise la notion de Nation aux peuples européens avant l'invasion romaine ou aucune trace d'un quelconque destin commun propre à l'hexagone n'a pu être révélée. La défaite d'Alésia montre, au contraire, que la Gaule n'était pas la France telle que nous la concevons, mais une fédération informelle de peuples celtes dont le modèle se retrouvait de l'Irlande au Piémont et de l'Ibérie à la Belgique. L'action « civilisatrice » de Rome, puis la pénétration du christianisme, respecteront ces espaces dénommés pagi pour la circonstance. En 280, l'empereur Dioclétien jettera les bases d'une nouvelle entité administrative, la Seconde Lyonnaise. Où les pagi deviendront diocèses d'Église. Donc, virtuellement, la Normandie existe dès le IIIème siècle, la France pas encore. Cette dernière ne deviendra potentielle qu'avec l'arrivée de « barbares » ayant à leur tête Clovis, chrétien jugé « païen » car épousant les dogmes d'un prêtre hérétique d'Alexandrie (Arius). Mais l'arrivée des francs n'est pas pour autant la création d'une entité France. Les domaines sont mouvants pour cause de partages lors des successions, et il existera simultanément plusieurs Francie, mais toujours une seule Seconde Lyonnaise. Charlemagne fut un empereur d'Occident préoccupé de la « défense » de ses marches, même maritimes, mais en Neustrie existait une colonie saxonne dans le Bessin et en 987 le royaume capétien tenait plus d'une succession de fiefs, parfois reliés entre eux, et d'une clientèle mouvante, que d'une véritable entité territoriale. Il faudra attendre la fin de la Guerre de Cents ans pour que l'on parle enfin de royaume de France. Et l'idée d'uniformité fit lentement son chemin dans l'oubli d'une pucelle bourguignonne qui devait devenir, très tardivement, un des symboles de l'unité française. Reconnaissance de circonstance, Jeanne d'Arc ne sera canonisée que six siècles après son supplice, au même titre que Vercingétorix sera le saint de la France laïque et revancharde d'après 1870 … Mais d'unité française point encore, puisque les féodaux, au siècle de Louis XIV, menaient la Fronde pour préserver leurs privilèges (entendez particularismes).

Donc, de – 4.000 au XVIIème siècle pas de France-Une-etc., pas de pré carré, fût-il capétien, cette notion sera créée par Louvois pour justifier la politique rhénane du Roi Soleil. Pas de France comme nous la concevons, appauvrie, triste, uniforme, américanisée, mais des Nations reconnues jusqu'au 4 août 1789. De ces Nations qui participaient à enrichir cet esprit qui partout nous caractérisait, sans jamais nous renier, aux yeux de nos voisins. Ne serions-nous devenus français que par rapport au reste de l'Europe ? Vouloir, à partir de cela, faire de la France une personne bien réelle, par ses monarques, puis une divinité laïque relève du fantasme. Que l'originalité des cultures fédérées sous l'appellation générique de « culture française » ait ébloui, avant de leur servir de modèle, toutes les cours d'Europe n'empêchera jamais de nous souvenir que ces richesses trouvaient leurs racines dans nos provinces, héritières de patrimoines particuliers érigés sur un vieux fond commun d'habitudes bordurières.
François Delaunay

Les régions de France désagrégées

Jamais les nations françaises n'auront été autant menacées dans leurs identités. Passage de l'État centralisateur à l'État providence, désagrégation orchestrée des liens communautaires hérités de nos traditions respectives, mondialisation de la production des biens et uniformisation des standards de consommation, constitution de ghettos échappant à la souveraineté de l'État sans que les collectivités locales ou territoriales puissent contrôler effectivement le développement et l'occupation de leurs territoires. Tout concourt à la désintégration des nations qui fondaient, hier encore, la puissance de la France.
Après que l'Allemagne ait recouvré son intégrité territoriale, que les pays de l'Est abandonnent le joug d'une tyrannie idéologique sans précèdent avec ce que l'histoire nous enseigne, le cadre institutionnel français perd son contenu : les identités françaises disparaissent sous les coups redoublés des médias vecteurs d'un universalisme de pacotille et des corps sociaux initialement chargés de transmettre nos cultures.
Les schémas familiaux, éducatifs, sociaux, qui assuraient il y a trente ans encore, la pérennité d'un système de valeurs qui, s'il ne répondait pas immédiatement à nos convictions, défendait une théorie de l'homme, se sont effondrés victimes d'une implosion liée à la mise en place d'un nouveau modèle « libéral » où règne en mal absolu le seul primat économique. Nouveau Janus, l'homo-économicus, est ravalé au double rôle de consommateur-producteur, chaque partie décérébrée de l'autre. Aujourd'hui les mutations professionnelles séparent les familles, déportent les individus hors de leurs cadres naturels, les responsables scolaires, quand ils ne dénigrent pas les régions et les traditions locales – symboles d'archaïsme – prônent l'équivalence des modes de vie. Les provinces de France subissent la loi des technocrates dé-civilisateurs pour, dès que les conséquences de leurs actions destructrices leur ont fait perdre leur masse critique, économique et démographique, se fondre dans la grisaille des banlieues mondialisées ; l'économique dénie tout droit d'existence aux collectivités qui ne sont pas reconnues « potentialisables » en organisant la fuite des sièges sociaux à la faveur de regroupements capitalistiques internationaux.
Ainsi vidées de leur substance, de leur capacité d'action, sinon de réaction, les nations authentiques, enracinées, qui constituent encore des communautés de destin, sont conduites à subir toujours plus les contraintes imposées de l'extérieur. La plus visible, et non moins dangereuse, réside dans l'afflux de populations dont la qualité, autant que le nombre, laisse augurer de l'avenir des provinces. Leur affaiblissement préalable par une volonté nivelatrice n'est qu'un premier pas vers leur dilution dans un cosmopolitisme dont nous pouvons goûter toute l'amertume lorsque les effets du discours s'estompent pour tenir leurs tristes promesses.
À la lumière de la « vie » dans les quartiers de la « Big Apple » (N-Y : prononcez Enn'ouaïe pour faire plus vrai) nous pouvons déjà apprécier quelles seront nos conditions de vie lorsque se seront apaisées les dernières nuits chaudes des quartiers socialement défavorisés. La juxtaposition d'ethnies différentes, sans système de références communes, sur un même territoire, conjuguée des effets de la crise sociale actuelle, conduisent à un déclin qu'un ministre de l'intérieur Belge comparait avec la chute de l'Empire Romain sous les assauts de la Barbarie. Belle perspective d'avenir à l'heure des accords de Maastricht ou de la signature de l'Acte Unique Européen !
Bien que défendant le droit à la différence, il convient de souligner que nous entendons rester particuliers au sein d'un même ensemble social et culturel. Les migrations de populations ont toujours entraîné, instinct grégaire, le regroupement d'originaires, la recréation de micro sociétés, régionales, nationales ou ethniques. Aujourd'hui, dans les grandes agglomérations, mais à terme, encouragées par les décideurs soucieux de résoudre leurs problèmes immédiats en refusant de prendre leurs responsabilités morales, ces regroupements seront incités à occuper d'autres espaces plus disponibles, de la périphérie de Paris aux villes nouvelles, nouveaux échecs d'urbanisme, puis dans les cantons désertifiés. Si c'est une façon statistique de résoudre le problème rural, il serait vain d'oser croire que cette forme de repeuplement ne s'accompagnera pas un jour d'une revendication territoriale de type tribal qu'accompagnera une révolte des « paupers » des « limes » contre les « riches » de l'« urbs » et dont l'exemple yougoslave pourrait-être la dernière répétition avant la générale.
II est paradoxal que dans notre société seuls les indiens d'Amérique, les Juifs, les Palestiniens et, depuis peu, les populations des anciens pays du bloc de l'Est, aient le droit de manifester, avec notre sympathie émue, leur volonté d'avoir pour développer leur identité un territoire reconnu, alors qu'ailleurs on impose aux populations des changements radicaux dans leur composition. Nous ne voulons pas que l'on détruise ce qui composait hier notre particularité. Nous ne voulons pas devenir les « Mickeys » d'un Disneyworld où l'insécurité permanente des personnes accompagnerait la disparition de leurs modes de vie ancestraux. Nos traditions « régionales » sont toutes aussi dignes d'intérêt que celles de ces déracinés que l'on exhibe tout autour du monde pour de pseudo motifs humanitaires. Nous ne voulons pas que le travail de nos pères, leurs modes de vie, soient remplacés par une culture au rabais que l'on irait glaner dans les gondoles des super marchés, nouveaux luna-parks. Nous ne voulons pas d'une société où la certitude de ne pas mourir de vieillesse s'échange contre l'assurance de notre disparition en tant que peuple.
À l'heure où tant de grandes âmes et de belles consciences s'émeuvent de ce que certains chefs d'État aient pu organiser de façon systématique la déportation de populations entières hors de leurs territoires naturels, pouf les remplacer par des colons disciplinés (cf. les Baltes, Roumains, Cambodgiens, ...) on est en droit de se demander si, à l'abri du paravent libéral, les mêmes idéologues ne continueraient pas la même sinistre besogne pour d'autres causes toutes aussi inavouables. Devant l'incapacité de l'État, les collectivités territoriales devront-elles assumer, devant leurs résidents, la responsabilité de situations dont elles ne sont pas les initiatrices et pour lesquelles aucun pouvoir ne leur semble devoir être conféré, sinon celui d'enregistrer les conséquences da la « soft idéologie » ?
L'identité de notre province se nourrit des souvenirs et des références qu'elle partage avec la France, dans la continuité des générations qui ont fait notre commune grandeur. Cette continuité est interrompue, et tout porte à croire que cette interruption est une fatalité. Si la culture est la nature de l'homme, les transformations des populations régionales induiront d'importantes modifications psychiques et culturelles, rendront aléatoires la transmission d'un patrimoine devenu sans signification.
Notre but particulier étant de pouvoir mieux participer à l'ensemble culturel français et européen, il est primordial que nous garantissions la pérennité dynamique de notre particularisme. Nous ne pouvons admettre que l'on change, pour quelque type de satisfaction idéologique ou marchande, les composantes essentielles de notre nation Normande.
Jean Halot

Préserver l'identité Française


La France et ses provinces sont trahies par l'idéologue et le politicien. Moralement touchées par un dénigrement systématique de leur passé elles doivent rapidement mettre un terme à l'auto-culpabilisation que l'on leur a instillé, en valorisant leurs identités et leurs histoires propres. Ici sont les véritables racines de la manifestation du « génie français ».

Comment défendre et promouvoir l'identité Normande aujourd'hui ?

Poser cette question appelle une réponse qui pourrait ne pas avoir de fin tant l'étendue du sujet est vaste, mais nous pouvons de façon lapidaire annoncer que l'identité ne décrète pas, elle s'affirme.

Tout semble fait pour étouffer notre identité. Qu'il s'agisse des hommes, de la mémoire, du territoire ou des paysages, de la culture, du patrimoine vécu, il est urgent de mettre un terme au processus d'aliénation et d'altération que subit notre pays.

Qui est Normand ? Qui peut le devenir ?
Celui qui hérite de cette chance et ne la défend pas ?
Celui qui vient y vivre et dénigre la Normandie ?

Comment peut-il être encore question de liens du sang, ou même de patriotisme Normand, tant les volontés se sont acharnées à réduire cet espace mental et géographique qui faisait écrire à R. Allen Brown « ... the Normans were not merely the Romans of their world, but also the Greeks »(1). Car à l'instar des modèles auxquels on les compare ici, on peut leur appliquer aussi la formule : « La Normandie n'est plus en Normandie, elle est partout où sont passé ses fils » (2).

« Car une nation c'est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage que l'on a reçu indivis (...) Le chant spartiate : « Nous sommes ce que vous fûtes, nous serons ce que vous êtes » est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie. (…) Une Nation est donc une grande solidarité, constituée par le sentiment des sacrifices qu'on a fait et de ceux que l'on est disposé à faire encore. Elle suppose un passé ; elle se résume pourtant dans le présent par un fait tangible : le consentement, le désir clairement exprimé de continuer (3) la vie commune. L'existence d'une Nation est (...) un plébiscite de tous les jours, comme l'existence d'un individu est une affirmation perpétuelle de vie». Cette longue citation d'Ernest Renan résume tout notre sentiment enraciné et s'y applique avec une telle véracité qu'elle renforce notre conviction identitaire Normande.

Comme d'autres Nations, l'identité de la Normandie s'affirme au travers de la gloire de ses constructions, invention de l'architecture religieuse et militaire, mais à l'ombre des dentelles de pierre le génie intellectuel s'en est montré digne dans tous les domaines, beaux-arts, organisation sociale, mathématiques, pures ou appliquées : Corneille, Boieldieu, Sorel, Le Verrier, Fresnel, ne sont pas des connus du seul panthéon Normand, non plus des gloires de seconde zone, pour ceux qui savent les intégrer parmi les gloires « françaises », au-delà des platitudes égalitaristes ou tiers-mondistes.

Les budgets de l'enseignement dépendent de plus en plus des prébendes des collectivités territoriales, c'est à ces dernières d'exiger qu'à la pseudo culture « de masse » soit substitué l'enseignement de notre patrimoine sous ses aspects Normands les plus multiples. De même que les présidents de régions, au lieu de gausser sur le mauvais emploi des fonds des F.R.A.C. (4) seraient bien inspirés de contrôler la qualité des dépenses dont ils demeurent les principaux responsables. II n'est pas tout d'affirmer que Géricault par ci, Boudin par là ... Les Normands attendent que l'on encourage leur culture dans toutes les manifestations de son génie, mais ils attendent surtout que cette culture leur renvoie, sinon l'image qu'ils ont d'eux-mêmes, au moins un message dont la qualité abandonne enfin le canular mondain.

Les grands commis, l'in-intelligentsia, s'abandonnent avec délices aux modes étrangères, exotiques, à toutes les pantalonnades. Depuis 1981 on a reconnu aux régions un rôle de collectivité intermédiaire, on est en droit de penser que le législateur avait voulu instaurer un contre-pouvoir dont elles n'ont pas saisi l'étendue des possibilités.

Face aux élites acculturées, décadentes, c'est aux régions, héritières d'histoires et de passés souvent prestigieux, d'assurer la défense intellectuelle et morale de leurs populations, donc des Nations dont elles ont la charge.
O.D.I.N.-76

1 Les Normands ne furent pas purement et simplement les romains de leur monde, mais aussi les grecs.
2 Paul René Roussel (Y-I.M.).
3 (n.d.l.r.) c'est nous qui soulignons !
4 Fonds Régionaux d'Aide à la Création.

Tribune

Plutôt que d’accorder, ou d’attendre, un éventuel « droit de réponse » à « l’orateur » de l’éditorial, nous avions préféré prendre les devants en demandant à un membre éminent du F.N.J. d’exposer la position du parti national de référence quand à la présente livraison.


Tribune

Souvenir d'une victoire future, notre combat, simple maillon de cette chaîne d'acier et de vie qui unit passé et avenir à l'instant présent, s'inscrit dans la continuité de notre héritage.
Nos paroles et nos actes sont les nôtres autant qu'ils furent ceux de nos pères et qu'ils seront ceux de nos enfants : à la fois proches dans leurs différences et si différents dans leur constance. Protéger le passé pour répondre de l'avenir, cette espérance est en nous qui en sommes porteurs parce que l'histoire nous l'a confiée. C'est l'éclat d'un acier pur que la poussière du temps ne ternit pas.
L'histoire ne retiendra de nous que ce que nous lui donnons : la victoire de notre Peuple ou l'échec de notre génération. II n'appartient qu'à nous de transmettre à nos générations futures notre volonté de peuple libre, de refuser de plier genoux devant l'esclavage et l'asservissement.
Investissons-nous dans la reconstruction de la forteresse mémoire. Elle est gardienne de notre identité. Investissez-vous totalement, sans jamais en espérer un quelconque bénéfice personnel, si ce n'est le sentiment du devoir accompli. Et alors nous aurons tout. Si certains rient de notre passion enthousiaste, rappelons-leur qu'au Liban, en Lettonie, en Croatie, en Irlande … les victimes de leur ironie payent, les armes à la main, de n'avoir pas su défendre politiquement leurs droits !
Aussi discutons entre gens sérieux de ce que nous voulons !
Indépendance ou Autonomie
Certes, on peut rêver d'une nouvelle Nation Normande dont les armées conquérantes retourneraient porter la bonne parole … aux américains en suivant Leif Erikson. Dommage, parce que cela n'est pas dans l'intérêt de la Normandie. Nous ne pouvons pas effacer huit siècles de notre histoire au seul motif que nous les avons passés sous la coupe de plus en plus pesante des français. D'autant qu'il est plus facile de tirer parti de la France que de la combattre...
Aussi intéressons-nous à cette notion, si galvaudée, d'Autonomie. Autonomie d'une Nation Normande avant tout unie. La réunification sans unité est une image creuse dans laquelle les localismes des cités ou des départements peuvent encore trouver leur place. Si la réunification est une nécessité politique, historique, culturelle ou économique, l'unité seule permet l'épanouissement de notre identité et le développement de l'enracinement.
De plus, que ce soit dans l'Europe technocratique des douze ou dans une Europe future des Nations, seules les entités régionales sont et seront prises en considération. Si Bruxelles n'a que faire de deux régions Normandes qui économiquement n'existent pas, l'Europe aux Cent Drapeaux n'aura, elle, que faire de régions qui n'existent pas historiquement.
L'unification donne à la Normandie sa véritable dimension historique, politique, économique et sociale : celle d'un État.
Dès lors, nous pourrons prendre nos destinées en mains au sein d'une France consciente de la force politique de ses régions.
Forte de par le mode d'élection de ses membres au scrutin proportionnel intégral par « pays normands » rééquilibrés, le Conseil régional de Normandie pourra récupérer certaines compétences de l'État, mais aussi les ressources correspondantes et hériter des prérogatives des Conseils Généraux.
La Normandie a les moyens économiques et naturels de ces ambitions. Ces moyens sont actuellement saccagés par des instances au service de l'Île de France et de l'État. Rendre la Normandie Autonome, c'est lui permettre de prendre en mains les forces de sa destinée.
Les richesses naturelles de la Normandie sont pillées pour la construction de l'Île de France, oui sacrifiées à Bruxelles au nom de la Politique Agricole Commune.
L'aménagement du territoire est une soumission totale aux intérêts de l'Île de France et de l'État ... L'intérêt public en Normandie, c'est l'intérêt des Normands !
Les efforts extraordinaires faits en faveur de l'enseignement supérieur, au lieu de favoriser, sinon leur implantation, du moins le maintient des sièges sociaux des grandes entreprises, encourage l'exode de l'élite intellectuelle de la jeunesse normande. L'éducation, la formation, l'environnement, l'aménagement du territoire doivent être décidé dans le seul intérêt de la Normandie.
L'Arc Atlantique est une nécessité pour toutes les régions de la façade Atlantique de l'Europe face aux axes lotharingien et méditerranéen. La Normandie doit être libre de nouer des relations diplomatiques pour se protéger et progresser au sein de l'Europe. La Normandie doit pouvoir assurer la défense de ses frontières maritimes et séquanienne. Seules des unités combattantes connaissant parfaitement le terrain sont en mesure d'effectuer efficacement cette mission de défense nationale. La Normandie doit disposer d'une telle unité armée.
Puisque la France nous est néfaste actuellement, prenons notre destinée avec une certaine autonomie. Le jour où les liens historiques passés ne seront plus assez forts pour nous retenir, nous nous souviendrons de la grandeur de notre héritage historique, de notre culture.
Nous aurons remis notre drakkar à flot.
Frank Le Dun

Normandie, France, Europe

« Je ne me flatte pas de vous faire comprendre la France. J’ignore si le la comprends moi-même. »
Georges Bernanos

Unité historique non respectée, particularismes niés, richesses naturelles spoliées, administration au service exclusif de ses ambitions, la Normandie est une Nation sans liberté.

Nation ! Voilà le mot essentiel. Celui que l'on n'ose dire. Celui qui fait peur. Pourtant la France a toujours soutenu les nationalismes ... hors de l'hexagone. Nationalistes au dehors, jacobins au-dedans, nos dirigeants ne comprennent pas que la raison des Nations triomphe tôt au tard de la raison des États. Ces États que nous qualifions de jacobins, du nom de ceux qui avaient inventé le parti unique, la doctrine d'État, la dictature issue de la poussée plébiscitaire ou de l'émeute.

Le vingtième siècle s'achève sur un étonnant printemps des peuples. Des peuples de chair, de sang, de rêve et d'esprit. Ces peuples réclament leurs langues, leurs mémoires, leurs libertés collectives. Ils aspirent à la maîtrise de leur destin. Mais la paix ne pourra véritablement s'établir en Europe que par la détente, puis par l'entente, enfin par la coopération, pratiquées entre tous les peuples de notre continent. Quelques puissent être les blessures laissées par les conflits, les comportements hérités de l'histoire, les barrières dressées par les régimes, cette coopération, plus que souhaitable, est une nécessité vitale. L'Europe est seule entre deux masses : celle des tenants du Nouvel Ordre Mondial promulgué à l'issue des événements du Golfe et celle du Tiers-Monde qui évacue son problème démographique sous nos cieux. Entre les alternatives de dépendance ou d'occupation de notre espace quelles sont nos chances véritables de retrouver une dynamique qui nous garde autonomes ?

L'Europe des États est un continent de vieux où les égoïsmes de l'« Ouest » tentent de persuader les peuples qui se réveillent qu'ils sont trop jeunes pour des structures trop vieilles. Dans cette Europe sacrifiée aux démons de l'économisme toutes les institutions, tous les partis, toutes les sectes ont le Sida et communiquent leur pourriture à la main qui s'approche pour les rafistoler. La seule méthode qui sauvegarde le sang pur, qui perde le moins de temps et qui atteigne les âmes c'est de s'appuyer fermement sur la fécondité des Nations. Et nous refusons de conforter la confusion des États « Nations », seules les communautés de destin enracinées dans le terreau de l'histoire méritent d'être appelées Nations.

Si nous doutons de la fécondité des Nations dans le cadre étatique, l'Europe est par contre capable de monter cette nouvelle construction originale et imprévue qui ne pourra prendre d'autre nom que celui de civilisation. Mais il faut que les Nations se redécouvrent, se rencontrent, garantissent l'autonomie de toutes leurs sources particulières.

La sagesse des gouvernants commande de se méfier des Normands. Cela fait bien longtemps qu'étrangers sans l'être, tout en l'étant, nous affectionnons dans les lettres françaises le rôle séditieux et indispensable des Irlandais dans les lettres anglaises. Nous avons tous pris, sans complaisance et sans préjugé, la mesure de la France. Nous savons où est sa richesse pour y avoir largement contribué. Jamais l'empreinte de la France n'a été aussi puissante que lorsqu'elle a été un phare intellectuel. Le lien qui nous unit est la langue, et il unit au-delà des frontières géopolitiques. Nous voulons délier et articuler les forces créatrices de la France de la Francophonie, Empire de l'intelligence qui saura recréer pour l'Europe que nous désirons l'antique tradition des libertés françaises.

C'est par le développement de cet esprit francophone que nous pourrons lutter contre l'hégémonisme capitalo-américain et libérer l'Europe de la tentation jacobine.

Si nous parions sur cette renaissance européenne par les Nations, ce n'est pas pour nous confiner frileusement dans une technocratie à douze, mais bien pour promouvoir une Europe globale, ouverte aux nouvelles comme aux vieilles Nations.
Gilbert Crespin

dimanche

Runes, été 1992

Éditorial


de ... Jack Lang.


La culture est universelle, oui, mais veillons à ne pas mettre tout sur le même plan (…) Veillons à ne pas cultiver des syncrétismes mous et flous. Au contraire, soyons fiers de nos identités et de nos particularités (...) Le premier des droits de la culture, c'est le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes (…)
La création culturelle et artistique est victime aujourd'hui d'un système de domination financière multinationale contre lequel il faut s'organiser (...) Nos pays acceptent passivement, trop passivement, une certaine invasion, une certaine submersion d'images fabriquées à l'extérieur et de musiques standardisées. J'ai sous les yeux un tableau accablant pour nous tous. Il décrit les programmations télévisées dans chacun de nos pays. On observe que la majorité des programmations sont assurées par des productions standardisées, stéréotypées qui, naturellement rabotent les cultures nationales et véhiculent un mode uniformisé de vie que l'on voudrait imposer à la planète entière. Au fond, il s'agit d'une modalité d'intervention, plus grave encore dans les consciences des citoyens des États.
Je me dis toujours, et quand je parle ainsi je m'adresse aussi à mon propre pays, qui pourtant a mieux résisté que d'autres : pourquoi accepter ce rabotage ? Pourquoi accepter ce nivellement ? Est-ce là vraiment le destin de l'humanité ? Le même film, la même musique, le même habillement ? Allons-nous rester longtemps les bras ballants ? Nos pays sont-ils des passoires et doivent-ils accepter sans réagir ce bombardement d'images ? Et sans aucune réciprocité ? Notre destin est-il de devenir les vassaux de l'immense empire du profit ?
Nous souhaitons que cette conférence soit l'occasion pour les peuples, à travers leurs gouvernements, d'appeler à une véritable résistance culturelle, à une véritable croisade contre – appelons les choses par leur nom – cet impérialisme financier et intellectuel qui ne s'approprie plus les territoires, ou rarement : il s'approprie les consciences, il s'approprie les modes de penser, il s'approprie les modes de vie (...) Il faut agir si nous ne voulons pas demain devenir les hommes-sandwichs des multinationales (...)
Je parle pour la France : nos alliés immédiatement naturels avec lesquels nous pouvons nouer des alliances culturelles fortes, ce sont d'abord les pays d'Europe. Or, de ce point de vue, si vous saviez dans quel état se trouve la construction de l'Europe culturelle ... Four nous, Français, une autre alliance immédiate est celle avec les pays méditerranéens. II ya aussi pour nous, Français, tous les pays francophones et, au-delà, les pays d'expression latine. Je crois qu'il appartient à chacun d'entre nous de s'organiser avec les autres pour opposer à l'internationale des groupes financiers l'internationale des peuples de culture. Nous ne combattrons cette entreprise de désalphabétisation qu'en nous regroupant, qu'en nous alliant et en construisant concrètement des moyens de riposte.

DISCOURS DE MEXICO, 27 JUILLET 1952

Le temps de la décadence

Le premier juillet 1981, Monsieur Marcel Dassault, à la tribune de l'Assemblée Nationale, déclenchait l'hilarité générale en proposant deux projets : un parc d'attraction géant et une exposition universelle.
La France héberge aujourd'hui le premier, dont elle a abandonné la construction et la gestion aux américains, l'exposition universelle a lieu à Séville ... La foule qui coiffe les oreilles de Mickey vient se couler dans le moule d'une idéologie molle et facile, symbole du désert culturel français, quand à Séville, c'est là que s'affirme la volonté de créer et de rassembler les ambitions d'une Europe toujours à construire.
Le roi Juan Carlos qui a inauguré l'Exposition Universelle a pu déclarer que l'Espagne en ce lieu « prétendait transmettre à ses visiteurs l'idée de la diversité et de la richesse des cultures créées par l'homme... »
Entre ces deux événements, de portées fort différentes, nous pouvons constater que d'un côté des Pyrénées on a parfois des idées, mais rarement la volonté de les voir aboutir, tandis que de l'autre, sans déclarations péremptoires, des peuples, au sein d'un espace porteur de mythes et d'images fortes, sait mettre en valeur sa diversité et réaliser les projets les plus ambitieux : régionalisation, décentralisation à l'intérieur, affirmation de l'identité nationale et ouverture sur le monde vers l'extérieur.
D'un côté des Pyrénées nous nous abandonnons aux charmes frelatés d'un spectacle qui ira, sans enthousiasme, se répétant sans originalité, de l'autre cinquante sept mille spectacles différents auront été créés pour le seul temps d'une éphémère exposition dont on saura se souvenir.


Mickey-Roi

Après la Californie, la Floride, le Japon, Disney s'installe en Europe, au milieu de deux mille hectares des meilleures terres à blé de la Brie, «acquis au prix de la lande inculte ».
Pour un coût d'installation supérieur a vingt-deux milliards de francs à charge de la collectivité, l'État français et Disney ont signé une convention qui offre à Mickey un empire sur lequel le soleil ne se couche pas. On a les velléités impérialistes que l'on peut !
Si Disney a choisi d'installer un clone de Disneyland à Marne la Vallée ce n'est, que l'on se rassure, pas par pure philanthropie, mais parce que, à deux pas de Paris, cœur de l'Europe, cette juteuse opération commerciale est au centre d'un bassin de population situé pour quarante millions à moins de deux heures de voitures, et pour les trois cent vingt millions qui composent le deuxième cercle à moins de deux heures d'avion. La culture « made in U.S.A.» n'a pas la profondeur de la culture européenne, mais elle rapporte. Elle ...
Ce n'est donc pas de la francophilie subite, mais du calcul car ces populations représentent un potentiel de onze millions de visiteurs par an. Pourquoi viendraient-ils ici, pour la simple raison qu'ils sont déjà plus de vingt millions par an à visiter Paris et les trésors culturels de l’Ile de France !
C'était donc une aubaine, et l'ébauche de création d'un parc espagnol qui n'aurait accueilli ses hôtes qu'en période estivale a permis aux « acteurs culturels» français de mieux se laisser prendre au jeu de leurs « partenaires».
Tout a été conçu dans cette affaire, coûteuse pour les uns, juteuse pour les autres, pour que moyennant deux cent vingt cinq francs par personne, le gogo puisse assister «comme à la T.V.» à sa propre acculturation : de Michel Jaqueusson aux restaurants très U.S., tout est en place pour que la fête soit totale ... Car la magie, pour les américains, c'est de gagner beaucoup d'argent. Les porteurs d'actions Euro Disney sauront être enchantés de leur investissement.

Business oblige, spectateur ou non. Picsou veille, Mickey Rule his World.

Betterave pour Alain Genestar

Habituellement nous réservons nos betteraves à ce qui se produit chez nous, en Normandie, mais le discours de certains « intellectuels », qui, de Tchernobyl en Timisoara, font et défont l'opinion et la morale, est tel que nous ne pouvons laisser ignorer le caractère totalitaire de leurs apriori.

La betterave de l'année est attribuée à Alain Genestar pour son éditorial publié dans le Journal du Dimanche du 12 avril 1992.

« Messieurs les intellectuels votre colère conforte les thèses xénophobes du Front National. Reprocher à l'Amérique d'envahir la France c'est inciter à la fermeture des frontières. C'est dire non à tout ce qui vient d'ailleurs. Et au nom de quoi ? (...) Au nom de notre culture « nationale », le vilain adjectif, anti culturel. La culture est le résultat d'un brassage de toutes les cultures.
Les États Unis sont impérialistes, leur puissance écrase tout, Euro Disney est un Tchernobyl culturel ? Si Bécassine n'a pas le succès de Minnie on peut se consoler avec (...) nos « produits » modernes d'exportation culturelle. Euro Disney est fantastique, plus beau, plus grand, plus magique qu'Astérix. Pourquoi s'en priver.
Mickey n'est pas Américain, Tintin n'est pas Belge, Molière n'est pas Français, Shakespeare n'est pas Anglais, ils sont universels.
Partout sur la terre, les enfants de toutes les couleurs apprennent à l'école « Tartuffe » et le « Roi Lear ».

n.d.l.r. «RUNES» n'a aucun grief contre Bécassine, quoiqu'on puisse reprocher à sa prétendue niaiserie d'avoir enflé la tête des parisiens, quand à Astérix, le pauvre n'a obtenu aucun sesterce de l'État « gaulois » pour construire les accès routiers de son Parc.
On mesure le professionnalisme et l'impartialité du journalisme contemporain avec ce poulet qui masque mal l'origine de son odeur puisque dans le même numéro du « Journal du Dimanche » une pleine page de publicité permettait à Disney and C° de remercier « tous ceux qui ont rendu possible l'impossible ».

Vous avez dit culture ?

Mickaël Eisner, président de Walt Disney C°, déclarait lors de l'inauguration de l'Euro Disney Ressort que ce n'était pas « l'Amérique et sa culture qui venaient à la conquête de l'Europe, de la France. Les thèmes de Walt Disney sont très forts et universels. Blanche Neige est Allemande. Peter Pan Anglais. Pinocchio Italien. Cendrillon et la Belle au Bois Dormant Françaises. »
Le rapport est tout autre lorsque l'on compare les contes originaux avec !a copie béate que l'on nous en renvoie. Deux sources écrites se côtoient aujourd'hui, Perrault et Grimm font que Blanche Neige, Cendrillon et la Belle au Bois Dormant ne sont ni françaises, ni allemandes, mais européennes. Savoir quels sont leurs âges relèverait de la gageure : deux écoles, pour le moins, s'efforcent de résoudre la question, la première rattache ces histoires aux contes de la Mère l'Oye et renvoie toute origine bien avant les balbutiements de notre histoire européenne, faisant de ces amusettes des transpositions des cycles jour/nuit, semaines, saisons. La seconde prend en compte le fait que la plupart des contes recueillis par les frères Grimm l'ont été auprès de gens du peuple : paysans, artisans, servantes. Dans la préface au second volume de leur recueil, les frères Grimm déclarent qu'il y a de bonnes raisons de penser que de nombreux contes populaires, renvoient à l'ancienne mythologie. Le thème de Cendrillon est apparenté à l'histoire de Gudrun, la Belle au Bois Dormant à la délivrance de Brunhilde où les fileuses incarnent les Nomes.

Si les enfants entendent les contes dans le cercle de famille, ils n'en sont pas pour autant les destinataires privilégiés. Produit d'un fond culturel transmis par voie orale pendant des générations, le conte populaire va bien au-delà du simple divertissement. Il sert de modèle et le « Il était une fois ... » équivaut à un jadis qui sait être toujours.
Après avoir subi les critiques !es plus sévères depuis le XVIIème siècle, puis une implacable asepsie au XIXème, le vieux fond mythologique européen se voit confronté au business system de rats en mal de fromage. Et lorsque l'on sait ce qu'ils osent appeler fromage... Ce serait oser comparer le meilleur de nos productions locales avec de la crème de gruyère !

Jean HALOT

Le nouvel ordre mondial règne dans les parcs Disney

La France manquerait d'idées, et pourtant elles n'ont pas toujours fait défaut chez les responsables d'État puisqu'avant que la France ne transforme son président en grenouille, un projet culturel entendait remplacer la « gestion » par le « politique » en souhaitant que l'on s'oppose à toute vision mondialiste et à l'universalisme occidental dans les rapports culturels (rapport Thibau). Dans le droit fil du discours de Mexico on insistait encore sur la menace de l'homogénéisation culturelle dont les américains étaient tenus pour responsables, on insistait tout autant sur les méfaits de la culture de masse en rappelant que les fortes appartenances nationales, régionales et locales n'étaient en rien une entrave aux relations culturelles internationales.
Une culture n'est vivante que si elle donne lieu à une civilisation en compétition dynamique avec d'autres civilisations. Ce pari « Espagnol » tant annoncé à Mexico par l'immuable ministre de la Culture n'aura été qu'une vaine promesse rendue irréalisable par l'absence de toute promotion étatique cohérente. La seule politique digne de ce nom porte sur la seule conservation du patrimoine, chose louable en soit, mais peu dynamique au demeurant : ravalement et promotion immobilière semblent être les deux axes prioritaires de la politique culturelle hexagonale et en fait de ministre c'est un gérant de S.C.I. qui est chargé de veiller à la qualité de notre image de marque.
En matière de création, la plupart des artistes, et même les plus talentueux, ne cherche plus à donner un « sens » à leur œuvre. Les « écoles » sont devenues des groupes de sensibilité floue. Comment dans de pareilles conditions produire pour une cause, un peuple, une idée ou une civilisation, puisque ces idées, sinon les mots, sont suspects, bannis ? Comment trouver les moyens d'enraciner à quoique ce soit la culture lorsque le modèle dominant prône sa division en vois secteurs normalisés : la culture de « masse », la culture élitaire et la culture dite « classique » qui codifie la tradition, rationalise la mémoire collective, gère le passé, là où elle avait une fonction de création et de renouvellement qui prend dans la civilisation occidentale un rôle de conservatoire statique. La seconde comme son nom l'indique, ne vise qu’à marquer une discrimination sociale en rendant incompréhensible sa représentation à l'entendement populaire. La culture de « masse », enfin, dont le rôle se planétarise de plus en plus, se caractérise par l'économisme et le cosmopolitisme : comment ne pas rapprocher Blanche Neige chez les Japonais de… « Nos ancêtres les Gaulois » enseignés hors de leur contexte hexagonal ? Cette neutralisation de la culture dans l'économie amène à toujours plus de technique pour plus de sensationnel, la culture perd ainsi de sa charge émotionnelle.
Il n'existe plus d'osmose entre le politique et le culturel, mais entre l'économique et le culturel, ce dernier étant conçu comme un loisir quantifiable et monnayable et non plus comme une manifestation d'un art de vivre. La culture ne doit plus être ressentie comme un héritage et se galvaude dans le spectaculaire. Le peuple, de créateur de culture, devient voyeur. L'État, gestionnaire de la culture, n'a plus de marge de manœuvre politique et son souci de bonne gestion le conduit à renforcer le système. Le juste souci d'indépendance économique aboutit à une abdication culturelle, l'État subit, comme le peuple, la logique mondiale d'un type d'économie de marché. Le nouvel ordre économique mondial utilise les cultures nationales, les patrimoines pour les détourner de leur sens, en les transformant en marchandises de bas de gamme. Le poids de cette culture marchande rend d'autant plus inopérants les contre feux institutionnels qu'ils sont envisages de façon sectorielle, limités à une définition étriquée de la culture, lorsque l'État ne se rend pas complice de brader le patrimoine sur les fonds baptismaux du secteur tertiaire, au lieu de le préserver et de l'accroitre.
La fonction économique de la culture est devenue dominante. L'État, pris au piège de l'économisme par son souci de paraître responsable, s'interdit d'imposer « non démocratiquement » un choix de culture. Argument fallacieux qui reproduit et aggrave les différences de classes. Hier, pour un même ensemble occidental, il y avait des cultures bourgeoises, esthétiques, ou ouvrières qui cohabitaient ou se mélangeaient selon les traditions locales, créant génération après génération une culture populaire. Aujourd’hui, isolé devant son téléviseur, le petit fils de paysans, fils de chômeurs citadins, déraciné, futur délinquant est plus familiarisé avec les mœurs des kangourous que celles du daim ou du lapin, en connait plus sur les coutumes des pays lointains que sur celles de sa propre famille. L'espace culturel européen lui devient incompréhensible s'il n'est pas teinté de vernis américain. Triste résultat du plébiscite « par le goût du public » qui n'y comprenant plus rien, laisse dire les spécialistes de la publicité.

Le sens ethnique, géographique, historique des cultures est subverti, elles ne parlent plus, elles sont condamnées à ne survivre que dans de lointains musées. La logique d'exploitation économique déconsidère les codes culturels qui enserraient la vie sociale, exproprie la culture en la théâtralisant. Les patrimoines sont bien là, mais ils sont morts. Ils pourraient encore vivre s'ils étaient enseignés dans les écoles, les universités ... Mais leur usage, leur connaissance sont mis au ban de la société bien pensante, car ils « enracinent » la pensée, maintiennent des réflexes non rentables, voire destructeurs pour une société de consommation.
François DELAUNAY

Les français boudent Mickey

Les responsables d'Euro Disney, qui observaient un silence total, après sept semaines d'exploitation du parc imposé à Marne la Vallée, ont voulu montrer leur désarroi devant l'accueil plutôt tiède que les populations d'ile de France ont réservé à cette nouvelle universalité que tant de pays peuvent nous envier.

En fait la fréquentation du Parc a été plus qu'honorable, puisqu'en cinquante jours, plus d'un million et demi de personnes ont versé leur offrande sur l'autel du dieu souris, et le ressentiment vient plus de ce que ce sont surtout des extérieurs à la région qui ont fait la majeure partie de la fréquentation. Si l'on projette linéairement le chiffre de trente mille personnes par jour que représente ce premier bilan d'exploitation, le cap des onze millions est quasiment assuré d'être atteint pour la première année. Ceci sans tenir compte des hausses de fréquentation qu'occasionneront les flux touristiques des mois de juillet et août.

Pour le coup, le deuxième parc, qui devait ouvrir ses portes en 1995, devient moins réalisable, selon M. Fitzpatrick – P.D.G. d'Euro Disney – représentant les intérêts américains dans ce business qui ne leur a rien coûté.
Au-delà de cet avis, il est peut-être temps de tirer les premiers enseignements de cette opération qui, si elle ne comble pas les aspirations hautement « humanitaires » de nos trop « chers amis américains », a coûté, il est vrai, beaucoup d'investissements, mais hypothèque plus encore notre image culturelle, puisque après avoir maintenu que la France devait être, francophonie oblige, le phare de la résistance à l'impérialisme U.S., nos dirigeants, toutes classes politiques confondues, ont adhéré avec un enthousiasme qui n'égalait que leur renoncement. L'atmosphère de liesse qui a accompagné cette défaite culturelle, mais aussi politique et sociale, montre la crédibilité que l'on peut encore accorder à leurs professions de foi. Cette trahison du parisianisme mondain, assis sur sa suffisance abstraite et mondialisante, était écrite dans la logique des choses. Mais la rapidité du passage d'un anti-américanisme de salon à ce philo-libertarisme de bon ton, qui condamne la pauvreté comme une tare que l'on soigne aujourd'hui avec condescendance et que demain on condamnera comme un vice, est l'aveu d'un changement profond de société. Le Centralisme qu'ont subi les provinces de France, a créé un désert culturel, social et économique, et ne trouvant plus d'énergies populaires pour assurer sa survie s'est trouve acculé dans cette situation où il lui fallait choisir les modalités de son élargissement : d'un côté le cercle de la francophonie, voie étroite et difficile n'a pas trouvé d'écho chez les champions des causes hasardeuses, de l'autre l'adoption d'un standard préfabriqué d'autan plus facile à adopter qu'il est faible dans son contenu. C'est donc un échec complet né du refus de se confronter à l'adversité parce que l'alternance politique offrait une situation nouvelle où il était impératif de paraître fréquentables.

Fiasco financier, puisque les patrons de Mickey ont réussi l'admirable tour de force d'un financement qui ne les engage à rien ni sur le plus petit dollar.

Fiasco intellectuel, toute l'in-intelligentsia de France a oublié d'être à la mesure de sa tradition de générosité : toujours à la traîne d'une révolution culturelle, elle a montré la petitesse de ses limites et condamné à l'exil intérieur ceux qu'elle adulait pour la portée politique de leur art.

Fiasco culturel, après avoir mené la plus formidable des aventures avec les non alignés pendant vingt ans au sein de la francophonie, nous abandonnons nos modes de pensée pour adopter les signes extérieurs du mode de vie américain…

Fiasco social enfin, puisque nous avons gelé, pour le bon plaisir des maitres de l'Uruguay Round, 2 000 hectares des meilleures terres céréalières de France, et que nous acceptons, en outre, qu'une entreprise qui nous doit tout, jouisse d'un statut d'extra-sociabilité qui la mette à l'abri des lois sociales françaises sur le droit du travail.

Nous avons permis que la « première » région de France détourne les investissements publics pour satisfaire le seul intérêt privé d'un groupe étranger hostile. Nous avons aliéné notre image de marque en la subordonnant à de sordides intérêts économiques où tout un chacun est en droit de supposer, outre le coût de ces investissements sur le budget de l'État, car toute la France supporte cette opération, que nombre de « responsables politiques » a su récupérer quelques juteuses compensations.
Nous nous associons à tous ceux qui ont dénoncé cette pantalonnade, qu'ils aient qualifié de « contrebande culturelle » cette création « artistique », affublé le premier personnage de l'État du sobriquet « François Mickeyrand » ou, de manière plus policée, parlé de « capitulation économique et culturelle »
O.D.I.N.-76