On trouvera ici, pour l'heure, les textes de Runes-Lettres d'O.D.I.N.
qui, à terme, seront complètés des réflexions du groupe de
travail de l'O.D.I.N.-76, de sa création jusqu'à sa dissolution en 1996.



samedi

RUNES Automne 1991




Éditorial
... de Jean MABIRE

Toi qui nous lis, toi qui n'aime pas ce vilain papier, cette présentation de misère, toi qui ne comprends pas tout ce vocabulaire nouveau.
Camarade à qui on a si peu ou si mal parlé du pays de tes pères, à qui on n'a jamais raconté la vie de ceux qui labourèrent nos champs et bâtirent nos villes, à qui on n'a jamais montré la mer d’où sont venus les hommes du Nord.
Toi qui es seul dans ton « coin de province » dans ton « trou de campagne », toi qui ne retrouves plus ton chemin dans les ruines de ta ville ou dans le désarroi de tes croyances.
Mais qui veux quand même agir, qui veux quand même espérer – camarade qui veux rester « jeune » au milieu de tout ce monde de petits vieux
Toi qui t’accroches et qui en emmènes d'autres : frères, camarades, copains des auberges, garçons et filles des groupes folkloriques ...
Toi qui sais encore sourire et qui crois à cette force merveilleuse de notre âge. Viens avec nous –
Écris à « Vikings » – Assure la diffusion du journal. Groupe des camarades autour de toi. Fais des abonnés. Envoie-nous des suggestions et des articles. Critique-nous si tu n'es pas d'accord. Mais ne dors plus camarade, ne reste plus tout seul dans ton coin, les mains dans les poches.
C'est par un grand courant d'amitié et par une volonté farouche que nous pourrons redonner à la jeunesse de Normandie la foi et la confiante qui lui manquent
Ne trouves-tu pas cette aventure magnifique ? Nous partons à la découverte, mais c'est nous-mêmes, c'est notre propre pays qu'il nous faut découvrir. Mais non pas isolés, le dos tourné à tous ces jeunes qui cherchent aussi, la main fermée à tous ces garçons et à toutes ces filles que rien ne distingue de nous à travers la France, à travers la vieille Europe.
Mais comme te dit le chant de route « la main dans la main ».
Camarade viens avec nous, viens allumer des feux, viens chanter, viens vivre. Embarque-toi pour un immense voyage.
Sois un des premiers du premier « drakkar ».
« VIKING n°1 – 1949 »
« SI TU ES QUELQU'UN DE MA RACE
IL FAUT QUE TU PRENNES EN MAIN MA CAUSE ... »
Chant populaire danois.

Rollon

L'O.D.I.N.-76 REND HOMMAGE A ROLLON

Le 21 septembre à l’ombre de l’abbatiale SAINT OUEN de ROUEN, l'O.D.I.N. commémorait la fondation de la Normandie, à l'automne 911, par HRÔLFR le MARCHEUR, chef viking. Devant un public intéresse et sympathique, la cérémonie débuta par un discours du président de l'O.D.I.N., J.-F. BOLLENS : la saga de ROLF inaugura l’épopée Normande, Le dépôt d'une gerbe aux couleurs du Duché-Royaume clôt la cérémonie à laquelle une vingtaine de militants et sympathisants Normands participait sous le regard intrigué mais approbateur des boulistes. L'équipe de l’O.D.l.N., ainsi que les participants, espère voir un public chaque année plus nombreux et vous donne rendez-vous l’automne prochain.
Gilles LEFEVRE

IL Y A 1 080 ANS. HRÔLLFR GANGER FONDAIT LA DUCHÉ DE NORMANDIE

«GANGER HRôLFR" Jarl, fils de Jarl, aventurier, banni, toi qui a marqué pendant trois cents ans notre terre de Normandie.
HRôLFR, intrépide, ombrageux et querelleur, païen barbare, seigneur de ROUEN, premier Duc de Normandie, qui a pris cette terre pour la hisser au niveau des puissances qui défient l'histoire.
ROLF, toi qui nous a légué le fier nom de Normands.
Si beaucoup t'accusent d'avoir été un pillard, peu savent que tu as été mieux que cela.
À l’automne de l’an 911 le roi de Francs confirme la propriété de cette terre déjà Normande. C'est alors que se concrétise la lente imprégnation de deux cents ans où Celtes, Germains, Saxons, Francs, Vikings vont s'affirmer sous l’effet de ce révélateur Nordique qui caractérise si bien notre vieille nation.
Loin d'être un païen primaire, ou un pillard assoiffé d'or et de sang, ROLLON se révèle un puissant organisateur. Si il ne renie pas ses traditions, sa conversion au christianisme lui apporte le soutien de l'Église. L'audace scandinave, l’ordre chrétien, l’armature féodale irriguent le tissu social du premier État moderne européen.
Sa volonté avouée d'instaurer l'ordre Normand dans les pays réputés Normands, sa position d'arbitre et de gardien inflexible des lois incite les scandinaves à venir le rejoindre en Normandie pour participer â son entreprise.
Guerrier et connaisseur du prix des combats, il gére avec une fougue sourcilleuse la sécurité des biens et des personnes : à l'intérieur de la Duché de Normandie, la paix du Duc est une garantie de stabilité et de développement.
ROLLON réussit le pari de transformer une aventure en destin. Mais quel Destin, les Normands de ta Mer deviennent en vingt ans des Normands de la Terre : la Neustrie s'affirme Normande !
Cette Normandie si féconde qu'elle enverra ses fils conquérir des royaumes en Sicile, en Angleterre, en Orient, aux Canaries ...
ROLLON, le REÎTRE, le SOUDARD, a su comprendre que sans une assise large et solide, l'aventure Normande serait terminée cent cinquante ans avant HASTlNGS !
Honorer ROLLON flatte notre orgueil Mais son exemple est POLITIQUE, PRATIQUE et REALISTE.
ROLLON et ses compagnons ont conclu un marché avec l'histoire.
Leur adhésion au système carolingien est une formalité, ils ont gardé pour première religion leur confiance dans leur propre pouvoir.
De 911 a la mort de ROLLON en 932 cette première génération de Normands a su créer cet élan dont le dynamisme ne doit pas tarir.
Marins et guerriers n'ont jamais cessé d'être paysans et marchands, aimant gagner dans tous les sens du terme. Sages et fermes, les successeurs de ROLLON ne déméritent pas tant qu'ils défendent qu'ils sont avant tout Normands d'où qu'ils soient de Normandie.
Le destin, le génie des Normands ne sont jamais si grands que lorsque leurs chefs sont ambitieux pour leur peuple, leur nation.

ROUEN, jardins de SAINT OUEN,
le 21 septembre 1991,
Jean-François BOLLENS

Betterave …

à Bernard BLOIS (élu de l'Eure) qui a déclaré :
« Le MOUVEMENT BRETON a posé des bombes. Pas le MOUVEMENT NORMAND. Achetez des kalachnikovs ! »
Ce qui n'explique pas tout. Les élus bretons, dans leurs Conseils généraux, organisent des campagnes de promotion de l'identité bretonne. En Normandie, on a les élus que l'on peut, pas forcement ceux que l'on voudrait, mais certainement pas ceux qu'il nous faut. Cette réflexion prouve leur irrésolution.

L'Europe dans tous ses états

Estoniens, Lettons, Lituaniens, Scaniens, Shetlandais, Frisons, Croates, Bohémiens, Moraves, Flamands, Bretons, Alsaciens. Gaëls, Frioulans, nous vous aimons !

Par ce clin d'œil à nos amis que nous soutenons dans leur volonté de Renaissance, nous nous érigeons contre ce nouvel ordre mondial, non plus posé sur des bases culturelles traditionnelles et ancestrales, mais sur de nouveaux rapports, essentiellement axés sur des intérêts financiers, d'où émerge la nouvelle race dominante : le méga capitalisme.
Loin de réaliser un amalgame «militaro-américano-impérialisto-capitaliste, il devient urgent de tirer le signai d'alarme. Les nations, groupes ethniques, culturels ou cultuels sont vouées à une mort certaine et prochaine si elles ne se prennent pas en charge maintenant.
Dans un contexte d'effondrement des blocs (Est-Ouest, Nord-Sud…), nous assistons dans la partie que nous croyions la plus stable du monde – notre Europe – au réveil des nationalités. Ce mouvement, que la politique Bush a d'abord tenté d'étouffer, irradie dans toute l'Europe. Si les Baltes sont maintenant indépendants politiquement, qu'en sera-t-il des Arméniens, des Azéris, des Croates ? Certaines haines ancestrales ne risquent-elles pas de sortir de leur glaciation ? C'est le cas des Cypriotes, ou des minorités des Balkans. Peut-on imaginer que ce réveil s'étende jusqu'en Europe ? Des États de pacotille, telle la Belgique, risqueraient alors d'exploser. L'État français contemporain, hyper jacobin pourrait, lui aussi, être obligé de revisiter sa constitution imbécile.
Le propos n'est pas de trouver ici la panacée, ou de donner un « vade-mecum » de l'indépendance.
Si nous nous réjouissons de ce réveil des nationalités, nous déplorons le sang versé.
Désireux de contribuer à préserver le patrimoine européen, nous ne pouvons cependant pas faire irruption dans la « vie privée » des peuples. Si nous souhaitons la souveraineté des nations, il appartient à chacune d'elle – et à elle seule – de choisir sa voie : indépendance, autonomie, régionalisme, fédéralisme.
A chacun d'en décider souverainement.
Lev EFELERGIS.

Échos … logiques

Haie, bocage bosquet, futaie …
Le territoire français évolue très vite vers une division du paysage en deux types bien distincts : un espace forestier, dont la superficie ne cesse de s'étendre depuis près de deux siècles, et un espace campagnard sans arbre, à l'exception des vergers. Depuis 1960, on évalue à 640000 hectares les superficies de haies d'arbres épars et de bosquets (bois d'une surface inférieure à un demi-hectare) qui ont disparu de l'espace rural français. Ces petits boisements linéaires ou ponctuels, qui font le charme de la campagne, occupent encore plus d'un million d'hectares (1 100 000 ha). Si le phénomène devait se poursuivre au même rythme que ces dernières années, l’espace campagnard serait complètement déboisé dans une période estimée à 55 ans. Le plus étonnant demeure que la majeure partie de l'espace boisé ainsi détruit est récupérée pour la production agricole, laquelle, on le sait, est excédentaire en France !
« Terre Sauvage » n°54, septembre 1991.

Mais que croyez-vous que le Conseil Général de Seine-Maritime aura investi en 1990 pour assurer la sauvegarde de notre environnement ?
– 593 millions de francs, soit les 50% d'augmentation de budget d'investissement sur les routes départementales en cinq ans qui feront de la Seine-Maritime un carrefour européen. L'on préfère détruire notre espace forestier d'un côté, tandis que de l'autre on « encouragera » les cultivateurs à geler leurs terres. Un bel esprit de suite souffle sur nos assemblées ...
« Faire et défaire, c'est toujours travailler » dit-on.
C.Q.F.D. Car refaire sur des directives horzaines c'est encore et toujours uniformiser plus. Et lorsque nos campagnes Normandes ne se différencieront plus des autres paysages, nous aurons perdu un peu plus de notre « âme Normande » que traduisaient nos espaces.
Jean HALOT